Les turpitudes de la vie politique peuvent être parfois si désespérantes ou ennuyeuses, qu'il convient parfois d'aborder la question sous un angle différent. Il sera donc en partie question ici, pour changer un peu, de paléontologie. Cette science m'intéressait beaucoup lorsque j'étais enfant, et c'est le cas encore aujourd'hui... Quel rapport avec la politique, me direz-vous ? Non, mon cher Sauron, il ne s'agit pas de parler ici d'éventuelles traces fossiles retrouvées d'un Parti Socialiste intelligent - encore que ce genre de découverte ne manquerait d'intérêt... ;-) -, mais seulement d'une histoire de crocodile du Mésozoïque, dont la correspondance avec la vie politique française actuelle doit tout au hasard...
Saviez-vous, chers lecteurs, que les premiers véritables crocodiles, dont les descendants existent toujours aujourd'hui, sont apparus au début du Jurassique ? Par exemple, Steneosaurus bollensis, que le célèbre peintre et illustrateur tchèque Zdenek Burian a représenté en tableau dans les années 1960, était alors un des crocodiles les plus communs, abondant dans les mers du Jurassique (période des temps géologiques située approximativement entre 200 et 135 millions d'années), dans les territoires qui correspondent aujourd'hui à l'Europe, à l'Afrique du Nord et à l'Amérique. Steneosaurus bollensis pouvait atteindre 4 à 6 mètres de long, taille comparable à celle des plus grands crocodiles du Nil africains et gavials du Gange asiatiques actuels - qui peuvent tous aussi atteindre une longueur de 6 mètres, voire plus pour certains gavials mâles -, mais lors de la période géologique suivante, celle du Crétacé (située approximativement entre 135 et 65 millions d'années), d'autres espèces de crocodiliens sont apparus, dont les tailles étaient sensiblement plus importantes, comme Deinosuchus, dont les restes fossiles ont été découverts en Amérique du Nord, et qui pouvait mesurer jusqu'à 15 mètres de long. Il se trouve qu'une autre espèce de crocodile géant, qui vécu elle-aussi au Crétacé, dans les lacs et les fleuves de l'ancien super-continent Gondwana (des fossiles ayant été trouvés aussi bien en Afrique qu'en Amérique du Sud, qui constituaient en partie alors le Gondwana, avec l'Australie, l'Inde et l'Antarctique), a fait curieusement l'objet d'une dépêche de l'Agence France Presse, publiée hier matin, 31 août :
"Sarco", le plus grand crocodile du monde, vieux de 110 millions d'années - autrement dit, Sarcosuchus imperator -, revit à la Ferme aux crocodiles de Pierrelatte (Drôme), sous la forme d'une reconstitution qu'on dirait presque en chair et en os.
Sarcosuchus imperator (de sarco, "chair", dont le saurien se nourrissait sans doute, suchus, "crocodile", et imperator, "empereur", pour dire le plus grand) avait une longueur de quelque 12 mètres. C'est le plus gros crocodilien connu, sinon le plus gros de tous les temps, ayant existé sur Terre.
Le premier fossile, un crâne, qui a servi de base à l'identification scientifique de l'animal, a été découvert en 1964 au Niger par Philippe Taquet, du Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Un squelette complet, sans compter des restes partiels, a été trouvé en 1973 et est aujourd'hui exposé à la galerie de paléontologie du Muséum.
"C'est impressionnant de voir aujourd'hui cet animal en chair et os, pardon... en résine", dit à l'AFP en souriant Philippe Taquet, venu assister mercredi [29 août] à l'inauguration de la reconstitution qu'il considère comme "très réussie". "Il semble encore plus grand que lorsque l'on voit son squelette", ajoute le paléontologue et ancien directeur du Muséum.
La reconstitution a été réalisée par la société Ophys, spécialisée dans la fabrication de pièces d'exposition à caractère naturaliste et de moulages d'animaux, et basée à Prayssac (Lot-et-Garonne). Elle a nécessité 1.800 heures de travail,
750 kg de résine polyester, quatre hommes et une femme.
Ces professionnels dirigés par Emmanuel Janssens Casteels ont travaillé sous le regard attentif de France de Lapparent de Broin, du Muséum, qui avait co-rédigé en 1966 le premier article scientifique sur l'espèce avec son collègue Philippe Taquet.
La scientifique a de qui tenir, puisqu'elle est la nièce de Félix de Lapparent, lui aussi paléontologue, et qui avait trouvé dès 1947 dans le Sahara nigérien des dents, vertèbres et plaques d'écailles de l'animal à l'identification duquel elle allait participer dix-neuf ans plus tard.
Leur gigantesque "bébé" trône désormais à la Ferme aux crocodiles au milieu de quelque 400 crocodiles, de tortues géantes bien en chair et en os, entourées de 600 variétés de plantes et fleurs tropicales.
(Dépêche de l'Agence France Presse [AFP], 31 août 2007, 9h22)
Tout celà est très bien, mais quelque-chose me turlupine : pourquoi consacrer une dépêche d'agence de presse à ce sujet ? Je ne dis pas forcément que ledit sujet ne le justifie pas en tant que tel, mais tout de même, si c'était le cas, ce serait tout de même un peu étonnant... L'explication apparaît, évidemment, dans le titre de la dépêche : "Sarco, le plus grand crocodile de tous les temps". Le fait est, en effet, que le hasard a, curieusement, voulu que le début du nom scientifique de l'un des plus grands crocodiles que la Terre ait jamais porté ("Sarco...suchus") soit, à une lettre près, identiques au début du nom d'un des plus petits présidents de la République que la France ait connu ("Sarko...zy"). Dans la mesure où le crocodile géant est surnommé "SuperCroc" par les anglophones, et non "Sarco", on peut comprendre la notoriété particulière dont peut jouir l'animal en France, d'autant plus que ce sont des paléontologues français qui en ont découvert les premiers restes à l'origine. Reste une interrogation : l'auteur de la dépêche de l'AFP a-t-il eu connaissance d'un article du Canard enchaîné publié il y a environ deux ans, et déjà consacré à l'époque à Sarcosuchus ?
A cet animal hors du commun, il fallait naturellement un nom exceptionnel : c'est le cas. Ce drôle de croco - qui vivait voilà une centaine de millions d'années - s'appelle en effet le Sarcosuchus ou Sarcosuchus Imperator (des fossiles en ont été découverts au Brésil comme au Sahara, dans le désert du Ténéré).
Deux précisions fournies par l'encyclopédie Wikipédia, disponible sur le Net, méritent à cet égard l'attention : "On peut raisonnablement penser que le Sarcosuchus n'avait pas grand-chose à redouter des autres grands carnivores de son époque", ce qui ouvre en effet et rétrospectivement des perspectives. La seconde remarque est en revanche beaucoup plus choquante : "Le roi des crocodiles n'était certainement pas exclusivement carnivore et devait se montrer assez opportuniste." Oh ! Mais il est vrai que dans la préhistoire comme aujourd'hui on n'a rien saurien...
(Le Canard enchaîné N°4419, 6 juillet 2005)
Chacun aura pu voir à l'Elysée, le 16 mai dernier, la cérémonie de passation de pouvoirs lors de laquelle un grand et vieux crocodile du Nil a cédé la place à un petit caïman d'Amérique particulièrement teigneux : Jacques Chirac, qui a dû finalement abandonner la partie face à Sarkozy de Nagy-Bocsa, n'avait-il pas dit, il y a plusieurs années, qu'il n'y avait "pas de place pour deux crocodiles mâles dans le même marigot" ?
On notera que la phrase concernant l'opportunisme supposé du crocodile préhistorique a été supprimée de l'article de Wikipédia le jour même de la parution du Canard. Il faut dire que la définition du régime alimentaire de Sarcosuchus divise, semble-t-il, les spécialistes. Pour certains, l'animal était piscivore, la morphologie de ses mâchoires étant proche de celle du gavial actuel, crocodilien des fleuves de l'Inde, dont le museau très étroit aux dents acérées est spécialisé dans la capture des poissons, sachant que les mâchoires d'autres crocodiliens spécialisées dans la capture de grandes proies, comme celles de l'actuel crocodile du Nil, ou du gigantesque Deinosuchus, aujourd'hui éteint, sont plus larges. Pour d'autres, compte-tenu de la taille impressionnante de Sarcosuchus, celui-ci pourrait bien avoir eu la capacité de chasser des animaux terrestres s'aventurant au bord de l'eau - notamment des dinosaures -, comme le suggère l'illustration de 2001 reproduite par le Canard et représentant le crocodile emportant dans l'eau un spécimen d'Ouranosaurus, dinosaure ornithopode herbivore de la famille des Iguanodontidés, mesurant sept mètres de long, et pouvant peser jusqu'à deux tonnes. En fait, la découverte de poissons fossiles de grande taille contemporains de Sarcosuchus suggèrent que le crocodile devait avoir un régime alimentaire essentiellement piscivore, apparaissant ainsi comme une sorte de gavial géant. Mais ses mâchoires, certes plus étroites que celles du crocodile du Nil mais aussi plus larges que celles du gavial moderne, pouvaient aussi lui permettre, au moins à l'âge adulte, de compléter son régime alimentaire piscivore avec des proies terrestres. En fait, l'hypothèse d'un opportunisme alimentaire n'est sans doute pas à exclure, car on sait, du reste, que la plupart des crocodiliens actuels sont des prédateurs opportunistes, saisissant toute proie passant à leur portée, y compris les charognes : un comportement qui, assurément, en rappelle un autre, ce qui n'a pas échappé au Canard enchaîné... - non, mon cher Sauron, je n'ai pas dis que l'actuel Parti Socialiste était forcément devenue une charogne... ;-)
Politiquement parlant, Sarkozy de Nagy-Bocsa est sans-doute, comme son modèle Chirac, un prédateur assez opportuniste, amateur de proies faciles, comme, par exemple, les fonctionnaires, les travailleurs précaires, les pauvres, les exclus, et tous les individus vivant plus ou moins en marge de cette partie de la société française qui se lève tôt, qui veut "travailler plus pour gagner plus", et qui a fait de ce petit caïman nain le roi de la jungle. L'animal aime également, à l'occasion, affronter des prédateurs concurrents éventuels, quelle que soit la famille dont ils sont issus. Mais il y a toutefois d'autres prédateurs auxquels Sarkozy ne fera jamais le moindre mal : ceux à qui il est allé rendre visite, jeudi dernier, 30 août, à Jouy-en-Josas (Yvelines) où se tenait l'Université d'été du... Medef. Entre congénères en symbiose, on se comprend...
Nicolas Sarkozy a affiché son volontarisme jeudi devant le Medef, se disant déterminé à accroître le pouvoir d'achat des Français, mais a fait peu de propositions concrètes, lors d'un discours annoncé comme l'amorce de la "deuxième phase des réformes économiques".
Avec le ton énergique de sa campagne électorale, visiblement très à l'aise face au patronat réuni comme chaque année à Jouy-en-Josas (Yvelines) pour son université d'été, le président a multiplié les "je le dis comme je le pense", "je n'ai pas peur", "je me moque des procès d'intention", "j'essaie d'être authentique".
"Je ne laisserai personne édulcorer la rupture" promise pendant la campagne. "Cette rupture, je la ferai", a martelé le chef de l'Etat.
Et de renchérir: "on va faire le maximum pour changer les choses" car "nous sommes à un tournant historique" et "les Français sont prêts pour le changement".
Parmi les quelques nouveautés annoncées: que Suez "fasse un choix stratégique en se spécialisant dans l'énergie" pour procéder à la fusion avec GDF. "Il appartient à ses actionnaires d'en décider", a dit M. Sarkozy.
Il est revenu sur l'ANPE et l'Unedic dont il a annoncé "la fusion des réseaux opérationnels" pour la fin de l'année, afin de créer le "nouveau service de l'emploi" promis pendant sa campagne.
Autres engagements: aller "beaucoup plus loin" dans l'assouplissement des 35 heures, afin de "redonner des marges de manoeuvres plus importantes à la politique salariale". "Aller plus loin encore" dans "la remise en cause des prélèvements obligatoires". Ou remplir l'objectif "de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite".
Réaffirmant sa volonté de faire trouver à la France "le point de croissance en plus qu'il lui manque", le président souhaite que toutes les dépenses de recherche soient "désormais prises en compte dans le calcul du crédit d'impôt recherche". Il veut en "tripler le taux" et lui appliquer "une majoration de 50% la première année".
Des mesures déjà annoncées par Christine Lagarde, sa ministre de l'Economie, le 24 août.
M. Sarkozy s'en est pris aux "spéculateurs" à qui les banques ne doivent "pas prêter davantage qu'aux entreprises ou au ménages".
Il a aussi annoncé qu'il interdirait la "pratique des dénonciations anonymes", notamment dans le domaine fiscal. "A quoi sert-il d'expliquer à nos enfants que Vichy, la collaboration, c'est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux sur une dénonciation anonyme, ou des enquêtes sur une dénonciation anonyme?", a-t-il demandé.
Cà et là, il a égratigné l'UE: l'euro qui a fait renchérir le coût de la vie, la nécessaire PAC nouvelle et la BCE qui doit "accepter le débat".
Nicolas Sarkozy, qui prononcera un discours de politique sociale devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis) le 18 septembre au Sénat, n'a pas évoqué la question des retraites.
Mais concernant les salaires, il a pressé les patrons de respecter l'obligation annuelle de négocier et, surtout, de "faire un effort" dans ce domaine à "chaque fois que c'est possible".
Le discours du chef de l'Etat a été diversement apprécié: "très beau discours de campagne électorale et très mauvais discours de responsable politique", pour le socialiste Michel Sapin. "Flou" et "inertie" pour Ségolène Royal, "creux, pauvre en propositions" pour la CFDT. Mais "des points positifs" pour FO, et un moment "historique" pour la présidente du Medef Laurence Parisot.
(Dépêche de l'Agence France Presse [AFP], 30 août 2007, 20h18)
Un beau discours sans annoncer de mesures nouvelles concrètes, donc : ici, on constatera que pour ce qui est de ses habituelles gesticulations pour ne rien dire, Sarkozy de Nagy-Bocsa est sans doute plus proche du primate - qu'il est véritablement de toute façon, comme vous, chers lecteurs, et comme moi, du reste - que du reptile : les comparaisons - surtout celles nées du hasard, comme justement celle d'un président de la République avec un crocodile géant - ont tout-de-même des limites... et c'est très bien ainsi, car, entre nous, je ne suis pas du tout sûr que même l'un des plus terrifiants des crocodiliens de l'ère secondaire mérite d'être longtemps associé à un énergumène comme l'actuel chef de l'Etat français...
Cordialement, :-)
Hyarion, le démocrate anarcho-monarchiste.