Oui, oui, je sais ce que vous allez me dire, chers lecteurs : à peine un peu plus d'un mois d'hibernation du présent blog, et voila que, déjà, je reviens... Rassurez-vous, ce retour n'est que provisoire, et ce n'est pas encore aujourd'hui que je vous imposerai à nouveau la lecture de quelques longs articles sur des sujets dont je suppose que beaucoup de gens se soucient autant que de leur première couche Pampers... Cela dit, pour être tout-à-fait franc, l'activité de blogueur suscite une certaine addiction lorsque elle est pratiquée pendant assez longtemps. Aussi, même après avoir mis en ligne mon dernier article au début du mois de juillet, j'ai continué à collecter des informations sur l'actualité politique et culturelle, comme si rien n'avais changé. Aujourd'hui, j'ai de quoi écrire plusieurs articles sur divers évènements survenus durant le seul mois de juillet dernier. Mais bon, il faut bien se rendre à l'évidence : même si la tentation est grande de rédiger et mettre en ligne d'autres articles, je ne peux pas, aujourd'hui, me lancer à nouveau pleinement dans l'aventure. Cela me prendrait trop de temps, et risquerai même de m'obliger à sacrifier d'autres projets que je souhaites mener à bien. Tant pis. Voyons toujours la moitié pleine du verre : la matière à articles accumulée depuis un mois me servira sans doute plus tard, d'ici la fin de l'année, de même que la matière que j'accumulerai sans doute durant les mois suivants... Nous verrons bien.
Pourquoi revenir aujourd'hui, fusse de façon fort brève ? Tout simplement pour réagir à un fait d'actualité, particulièrement bouleversant, qui concerne non pas Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa mais celui auquel on le compare assez souvent, parfois pour de bonnes raisons, mais parfois aussi à tort : Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien (poste équivalent à celui de Premier ministre, en Italie), écarté du pouvoir gouvernemental en 2006, à la suite d'une défaite électorale, mais revenu finalement aux affaires au printemps dernier, à la faveur d'élections législatives anticipées cette fois-ci remportées par son parti et ses alliés.
S'il n'est pas toujours pertinent de comparer Berlusconi et Sarkozy, par exemple en ce qui concerne leur relation respective avec le milieu des médias de masse (tout deux sont de grands utilisateurs desdits médias de masse, mais si Sarkozy a beaucoup d'amis dans ce milieu, qui peuvent lui rendre service, il ne joue pas, dans ce domaine, tout-à-fait dans la même catégorie que Berlusconi qui, lui, est carrément propriétaire de chaînes de télévision privées), il est vrai que les deux hommes partagent le même sentiment excessif d'impunité lorsqu'ils sont au pouvoir, la même attirance pour l'argent gagnée en grosses quantités, et le même goût pour un train de vie luxueux ostensiblement affiché.
On se souvient notamment que lorsqu'en mai 2007, juste après son élection à la plus haute charge de l'Etat français, Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, toujours plein d'humilité et de discrétion comme chacun sait, s'est offert un peu de bon temps sur le yacht d'un de ses amis fortunés, au large de l'île de Malte, Silvio Berlusconi, alors encore écarté du pouvoir en Italie, se serait exclamé : "Il a copié mon modèle !" (Cf. Le président Fric-Frime, Les dossiers du Canard Enchaîné N°107, avril 2008)
Mais il y a apparemment un autre point commun entre Berlusconi et Sarkozy : leur hypocrisie en matière de pudeur, comme en témoigne cette petite affaire relatée il y a quelques jours par la presse italienne et relayée par l'AFP, puis par le journal Le Monde :
Cachez ce sein : Berlusconi sous les foudres des historiens de l'art
Le gouvernement italien de Silvio Berlusconi s'est attiré les foudres des historiens d'art pour avoir voilé le sein d'une peinture de Tiepolo qui sert de toile de fond à la salle de presse de la présidence du Conseil, rapporte mardi [5 août] La Repubblica."Qui pourrait se sentir offensé face à la Vérité nue de Tiepolo ? C'est une sottise absolue", a réagi Antonio Paolucci, directeur des musées du Vatican et ancien ministre de la Culture.
Le Corriere de la Sera a révélé ce week-end que le sein de la femme nue qui incarne la Vérité dans le célèbre tableau de Giambattista Tiepolo (1696-1770) "La Vérité dévoilée par le temps" avait été retouché pour en dissimuler le mamelon.
Une reproduction de ce tableau a été choisie par Silvio Berlusconi lors de son retour au pouvoir en mai dernier comme toile de fond de la salle de presse du Palais Chigi à Rome, siège du gouvernement."Que c'est triste (...). On ne peut pas cacher la Vérité, un sujet qui est représenté nu depuis des siècles. Ce Tiepolo aurait dû être laissé tel quel", a aussi critiqué Sandrina Bandera, conservateur de la pinacothèque de Brera, près de Milan.
"C'est du moralisme niais. L'entière histoire de l'art de la Renaissance puis de l'époque qui a suivie est pleine de nues (...) Ca ne vous fait pas rire quand on pense à ce qui est montré sur Canale 5", l'une des chaînes de télévision du groupe Mediaset de Silvio Berlusconi, a commenté Andrea Emiliani, un historien, ex-conservateur de la pinacothèque de Bologne (nord).
Ce sont les cameramen du gouvernement qui auraient pris l'initiative de dissimuler le sein de la Vérité pour qu'il n'apparaisse pas près du visage du chef du gouvernement afin d'épargner la sensibilité de certains téléspectateurs, selon des sources gouvernementales, citées par l'agence Ansa.
(Dépêche de l'Agence France Presse, 05 août 2008, 11h58)
Quand Silvio Berlusconi cache la "Vérité"
"Non ! Pas ça, pas lui !", se sont d'abord dit beaucoup d'Italiens incrédules. Mais si : Silvio Berlusconi parvient toujours à surprendre. L'homme qui a fait sa fortune avec la télévision qui dévoile plus qu'elle ne cache vient de faire preuve d'une pudeur inattendue. Ses conseillers ont cru bien faire en recouvrant d'un voile pudique un sein de La Vérité dévoilée par le Temps, une reproduction du tableau de Giambattista Tiepolo, maître vénitien du XVIIIe siècle, qui décore la salle de presse de la présidence du conseil italien.La nouvelle, révélée - ou plutôt dévoilée, devrait-on dire - par une agence de presse le 2 août, fait penser à un canular d'été. Mais non, le sein qui avait le malheur de se trouver exactement dans le champ des caméras de télévision est effectivement recouvert. La reproduction a été retouchée pour dissimuler le mamelon perturbateur. Le lendemain, le porte-parole du président du conseil, Paolo Bonaiuti, a dû expliquer, un brin embarrassé, dans un entretien accordé au Corriere della Sera, que ses conseillers "ont craint qu'à force d'être cadré ce sein ne finisse par blesser la susceptibilité de quelques téléspectateurs".
Mais, ce faisant, ce sont les milieux artistiques qui ont été blessés. Même à droite, ils considèrent ce geste comme une gaffe colossale. "Que faudrait-il faire de toutes ces statues de femmes que l'on peut admirer dans les dizaines de musées italiens, avec leurs seins à couper le souffle même à Pamela Anderson ?", se demande, stupéfait, Vittorio Sgarbi, ancien secrétaire d'état à la culture du "Cavaliere" [Berlusconi].
Antonio Paolucci, directeur des musées du Vatican et ancien ministre de la culture, n'en revient pas non plus : "Qui pourrait se sentir offensé face à La Vérité nue de Tiepolo ? C'est une sottise absolue. Je vous le dis, moi qui dirige les musées du Vatican. Il y a plus de nus ici que dans n'importe quel autre musée du monde."
Andrea Emiliani, ex-conservateur de la Pinacothèque de Bologne, va encore plus loin. "Le choix du tableau La Vérité nue était déjà une claire allusion, mais intervenir ensuite pour dissimuler cette Vérité est un symbole encore plus étonnant", ajoute l'historien.
Eugenio Riccomini, autre historien, détient peut-être une partie de la réponse. "De toute évidence, ceux qui sont intervenus pour voiler le sein ont dû penser que l'on ne pouvait l'exposer à côté de Berlusconi parce que cela ressemblait trop, sans doute, à ce qu'il donne à voir sur ses chaînes de télés chaque soir."
Pour choisir l'oeuvre appelée à remplacer celle qui s'y trouvait du temps de son prédécesseur Romano Prodi, "il Cavaliere" s'est fait aider par son architecte de confiance, Mario Catalano. Ironie de la situation, c'est ce dernier qui s'occupait de la scénographie d'un des programmes les plus racoleurs de la télévision du premier Berlusconi, à la fin des années 1980, "Colpo Grosso", au cours duquel des filles aux seins florissants faisaient voler leur soutien-gorge en poussant la chansonnette.
Le président du conseil aurait-il été pris d'un soudain accès de pudibonderie ? Au contraire. Avec l'âge, Silvio Berlusconi, 71 ans, multiplie les allusions au corps féminin et aux femmes, jouant au vieux monsieur qui peut tout se permettre. Quitte à recevoir une lettre publique de réprimande de son épouse, en 2007, lorsqu'il avait lancé à la députée, ancienne starlette télévisée, aujourd'hui ministre, Mara Carfagna, qu'il "l'aurait épousée sur-le-champ (s'il n')était pas déjà" marié. Ce qui lui vaudra ce commentaire perfide du président du groupe de l'opposition Italie des valeurs à la Chambre des députés, Massimo Donadi : "Clinton n'avait, lui, pas fait Monica Lewinski ministre."Le machisme du gouvernement italien a parfois des répercussions internationales. Lors de son précédent passage au gouvernement, une crise diplomatique avec la Finlande avait été évitée de peu lorsque Silvio Berlusconi avait affirmé "avoir dû faire appel à tout son talent de play-boy" pour convaincre la présidente de ce pays de choisir Parme comme siège de l'autorité alimentaire européenne.
Lors du débat sur la confiance à son nouveau gouvernement, en mai, il a même été surpris par le zoom d'un photographe en train d'échanger des billets doux avec deux députées de sa majorité : "Vous avez sûrement mieux à faire", écrivait-il en les invitant à quitter l'hémicycle. Réponse, toujours cueillie par le photographe : "Mais seulement avec vous, monsieur le président !"
Et c'est encore le nom de l'une de ces deux députées, Nunzia Di Girolamo, une jolie brune de 32 ans, qui figure dans la page de son agenda montrée aux photographes le 1er août pour attester un emploi du temps chargé. "Je l'ai vu entre deux rendez-vous pour lui parler du film en préparation sur Padre Pio dans ma circonscription", a cru bon de préciser la parlementaire.
Tout cela pourrait n'être qu'anecdotique si Silvio Berlusconi ne venait pas de sortir d'une autre affaire sulfureuse. Il est en effet soupçonné d'avoir - du temps où il était encore dans l'opposition - poussé un dirigeant de la télévision publique à embaucher des actrices liées à des sénateurs de centre gauche afin de les éloigner du premier ministre Romano Prodi et de fragiliser encore plus ce dernier.
Au vu de toutes ces affaires, corriger un tableau est sans doute un acte mineur. Mais pas forcément le moins significatif.
(Salvatore Aloïse, article paru dans l'édition du journal Le Monde du 08 août 2008)
Même s'il ne s'agissait peut-être, à l'origine, que d'un excès de zèle des "cameramen du gouvernement", cette petite histoire est assez révélatrice de l'hypocrisie, à la fois insupportable et pathétique, de cette fameuse "droite décomplexée", dont, en Europe, Berlusconi et Sarkozy sont censés être les plus "illustres" représentants. Cette anecdote en rappelle d'ailleurs une autre, celle de Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa refusant de se laisser photographier par des journalistes devant l'Origine du monde, de Gustave Courbet, lors de sa visite d'une exposition consacrée au célèbre peintre français du XIXe siècle, le 16 octobre dernier à Paris, anecdote évoquée, à l'époque, dans un précédent article sur le présent blog... Et cela me rappelle aussi, en ce qui concerne précisemment mon blog, le commentaire navrant d'un lecteur de passage, qui m'avait reproché, sur un ton moralisateur, d'illustrer un de mes articles du mois de mars dernier avec une représentation d'un nu féminin peint au XVIe siècle, visible par tous au musée du Louvre, ledit lecteur ayant, en fait, tout simplement réclamé que je retire l'illustration de l'article, ce que je n'ai évidemment pas fait.
Tout cela est tellement ridicule...
Face à ces évènements, qu'ils concernent Sarkozy avec l'Origine du monde ou Berlusconi avec La Vérité dévoilée par le Temps, j'ai décidé de réagir avec toute la fermeté nécessaire. Désormais, parce que le présent blog se veut engagé au service de la Vérité, tous mes nouveaux articles, à commencer par celui que vous êtes en train de lire, seront accompagnés d'au moins une illustration représentant un nu féminin. Les nus féminins proposées seront bien évidemment non censurés, et soigneusement sélectionnés parmi les oeuvres que j'ai pu voir personnellement dans des musées ou des expositions. Voila, il fallait que ce soit dit. ;-)
Sans plus tarder, je remets le présent blog en hibernation. Profitez bien de vos vacances d'été, si vous en prenez, chers lecteurs : le propre des vacances, c'est de ne pas durer...
Et, bien entendu, ne l'oubliez pas : Je crois aux forces du dialogue des cultures, et je ne vous quitte pas... ;-)
A bientôt, peut-être...
Cordialement, :-)
Hyarion.
(Allégorie féminine de la Vérité, détail du tableau Dura lex, sed lex, huile sur toile [1905], par Paul Gervais, Salle des Illustres, Capitole, Toulouse ; Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi le 1er août 2008 à Naples, photographie de l'Agence France Presse, ©AFP/Archives/Mario Laporta ; Nicolas Sarkozy vu par Silvio Berlusconi, caricature de Pétillon, publiée dans Le président Fric-Frime, Les dossiers du Canard Enchaîné N°107, avril 2008 ; Le sein voilé de la peinture de Giambattista Tiepolo au Palazzo Chigi, à Rome, photographie de l'Agence France Presse, ©AFP ; Détail du tableau original La Vérité dévoilée par le Temps de Giambattista Tiepolo, à gauche, et la version censurée derrière le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, au Palazzo Chigi, à droite, photographies publiées en août 2008 sur le site Internet du journal britannique The Independant, ©independant.co.uk ; Silvio Berlusconi, devant la reproduction de La Vérité dévoilée par le Temps, le 4 juillet 2008, au Palazzo Chigi, photographie de l'agence de presse Reuters, ©Stringer Italy/Reuters ; Le sein voilé de la peinture de Giambattista Tiepolo au Palazzo Chigi, à Rome, détail d'une photographie de l'Agence France Presse, ©AFP ; Une baigneuse sur la plage de Ramatuelle, à côté de Saint-Tropez, en août 2008, photographie de l'Agence France Presse, ©AFP/Eric Estrade)