Parce que je n'ai pas trouvé de place dans cette société pourrie.
Parce que les gens sont bêtes et conformistes (même ceux passant pour anti-conformistes).
Parce que les histoires de pognon, de compétition, de travail pour le travail, ça ne m'intéresse pas.
Parce que je suis, semble-t-il, totalement invisible, notamment pour les femmes de mon âge (j'ai 26 ans).
Parce que mes longues études ne m'ont mené à rien, dans ce monde désespéremment carriériste, fait de compétition, de concours stupides, de "challenges" idiots, de rentabilité imbécile, de cooptation malhonnête.
Parce que je ne sais pas (ou plus) quoi faire de ma vie.
Parce que la politique, dans le fond, ça pue, et qu'applaudir bêtement des politiciens et distribuer des tracts pour leur compte, ça ne m'intéresse pas... d'autant plus que la politique n'est jamais qu'une prolongation de la guerre par d'autres moyens (pied de nez à Carl von Clausewitz)
Parce que j'en ai marre des préjugés imbéciles, marre des gens qui écrasent la personne humaine avec leur pognon, leurs idéologies, leurs dogmes, marre de tous ces abrutis qui ne jurent que par la loi du marché ou la lutte des classes.
Parce que j'en ai marre d'entendre des gens bien comme il faut me dire que je n'ai pas le droit de me plaindre, vu qu'il y a forcément plus malheureux que moi, dans les hôpitaux, dans la rue, dans les bidonvilles, dans les prisons, dans les bâteaux de clandestins, dans la jungle, dans le désert, etc.
Parce que j'en ai marre des relations superficielles que propose cette société sans but.
Parce que la vie n'a pas de sens.
Parce que je ne vois qu'un grand trou noir.
Parce que personne ne peut accepter que je puisse dire ça publiquement sans se sentir obligé de penser stupidement que j'ai besoin d'un psy ou d'une camisole.
Parce que, dans le meilleur des cas, je suis une personne probablement trop entière pour être accepté partout tel que je suis. Etc... etc... etc.
De tout cela, je ne parle jamais, en principe. Jamais. En tout cas, pas ici. Vous vous rendez compte ! Oser balancer tout cela, de façon totalement irresponsable, moi qui fait partie de la blogosphère, ce privilège des pays riches, et des gens qui peuvent se payer des ordinateurs portables, même à crédit ! Quelle impudeur ! Quelle indignité ! Quel égoïsme ! Quel comportement méprisable cela serait !
De tout cela, je n'aurais sans doute jamais parlé. Ce midi, toutefois, en consultant mon blog, j'ai lu un commentaire m'invitant - bien amicalement, je n'en doute pas, mon cher Olivier :-) - à participer à un jeu : le jeu de la tag. La tag virtuelle de blog est un jeu à la mode sur la blogosphère, une sorte de jeu de "chat perché" virtuel, en quelque sorte. Lorsqu'un blogueur est "taggé" par un autre - qui le signale sur son blog -, il doit confesser cinq ou six choses inédites sur lui et "tagger" ensuite cinq ou six autres personnes, qui devront faire de même...
Je n'aime pas beaucoup parler de moi, sans doute parce qu'il n'y a pas grand-chose à dire... Néanmoins, bien que le coeur n'y soit pas vraiment, je vais jouer le jeu, à ma façon, maintenant que la boîte de Pandore est ouverte...
1 - Je déteste "la France qui se lève tôt". Pour moi, le matin, ça n'est pas forcément fait pour travailler. Nicolas Sarkozy me fait bien rigoler lorsqu'il dit à des gosses de banlieue de "se lever tôt le matin" : pour quoi faire ? Nous ne sommes pourtant plus à l'époque où il fallait obligatoirement se lever avec le soleil, et se coucher avec lui. Aujourd'hui, rappelons-le, nous avons l'électricité, pour travailler la nuit. Ce qui n'empêche pas les gens "normaux", les gens biens comme il faut, de se féliciter d'être supposés "travailleurs" parce qu'ils sont mâtinaux... Personnellement, il m'arrive de travailler jusqu'à 3 heures du matin, voire plus : c'est assez mâtinal, pour vous ? Il faut dire que je suis un peu insomniaque. Sans doute, me direz-vous, mon horloge biologique est-elle mal réglée, non conforme à la norme. Et pourtant, c'est ainsi. Si j'avais des heures de bureau strictes, avec un salaire à la clé, peut-être serais-je davantage motivé pour travailler le matin, mais, pour moi, ce serait tout-de-même une contrainte...
2 - Je ne fume pas. Je ne me drogue pas. Je ne bois pas (sauf un whisky, ou un peu de vin ou de champagne, pour les grandes occasions). Néanmoins, j'avoue que je souffre d'une pathologie physique occasionnelle, qui se traduit, lorsque je ferme le poing, par une irresistible raideur au niveau du majeur de la main droite (ou des deux mains en même temps), lorsque j'aperçois la tête de certaines personnes sur l'écran de ma télé, notamment les têtes de Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, Patrick Devedjian, Jean-François Copé, Christian Estrosi, Pierre Lellouche, Brice Hortefeux, Yves Jego, Jean-Pierre Raffarin, Patrick Balkany, Charles Pasqua, Jean Tibéri, Jean-Marie le Pen, Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon, Laurent Fabius, Noël Mamère, etc... j'arrête là, car je n'ai pas envie de recevoir une leçon de morale du genre "c'est pas bien de dire que les hommes politiques sont tous pourris"... ce que je n'ai jamais dit, de toute façon.
3 - Je n'aime pas me raser le visage. Le fait de se raser est une sorte de négation de l'identité physique de l'homme, qui est un être naturellement velu, même s'il l'est moins que le singe. L'homme rasé de près veut sans doute ainsi montrer qu'il est civilisé, mais pour ce qui est de sa cervelle, cela n'est pas forcément toujours le cas. Pour ma part, je porte une barbe, que je taille régulièrement. Elle a tendance a me vieillir, extérieurement, voire, qui sait, à m'enlaidir : lorsque la barbe est un peu longue, il parait que je fais dix ans de plus... C'est sans doute vrai. Il parait que les filles préfèrent les hommes bien rasés, comme à la télé ou dans les magazines, même si certaines s'en défendent. C'est peut-être parce que je ne correspond donc pas aux canons de beauté de la mode masculine (bien que je sois très mince), que je suis aussi invisible à leurs yeux. C'est sans doute un peu pathétique de dire ça, mais bon, puisque l'on me demande de l'inédit...
4 - Lorsque je vais voir une exposition de peinture dans un musée ou une galerie d'art, je prends la peine de noter sur un carnet toutes les oeuvres que je vois et qui m'intéressent, et je confirme mes observations en parcourant ensuite le catalogue de l'exposition. Il me parait un peu vain d'aller dans les musées si c'est pour oublier ensuite la majorité de ce que l'on a vu. Si vous ne notez rien, si vous vous fiez à vos vagues souvenirs, ce n'est pas la peine de faire le déplacement, même pour passer le temps : à ce moment-là, plutôt que d'aller au Louvre, au Musée d'Orsay, au Grand Palais, au Musée Gustave-Moreau, à la Galerie nationale du Jeu de Paume, au Château de Versailles, ou au Musée des Augustins (à Toulouse), allez plutôt à Euro-Disney, en discothèque, ou au Fouquet's à Paris, là où il n'est pas utile de prendre des notes, ou même de réfléchir...
5 - Je ne supporte pas les gens (souvent obsédés par l'informatique) qui me disent que le cinéma, ce ne sont que "des images qui bougent". Je trouve ce genre de réflexion complètement idiot. J'aime le cinéma. Il fut un temps, entre 1997 et 2001 environ, où j'allais au cinéma toutes les semaines, et où je voyais parfois presque tous les films à l'affiche... Aujourd'hui, je n'ai plus le temps, ni forcément les moyens, de fréquenter les salles obscures aussi souvent qu'avant. J'aimerai pouvoir y aller plus souvent. Et pas forcément tout seul comme un con.
6 - Il se passe rarement une semaine sans que je m'interroge sur le sens de la vie, sur le sens de ma misérable existence. La seule chose que je saches faire dans la vie, c'est lire et écrire. Le problème, c'est que quelqu'un qui sait lire et écrire, ça n'est ni utile, ni rentable, dans notre société obsédée par la haute qualification et la sélection à outrance. Je déteste la compétition. Dans la nature, nous avons déjà le "struggle for life" défini par Darwin, mais à part ça, les hommes éprouvent quand même le besoin d'en rajouter en pratiquant une compétition supplémentaire au sein des sociétés. Tout celà me gonfle. Et en plus de la compétition, je déteste l'hypocrisie. Du coup, je ne me sens à ma place nulle part. Nulle part.
L'usage voudrait que je "tagge" six autres personnes. Je crois qu'après ce que je viens d'écrire, ce serait peut-être un peu indécent. J'aurais bien désigné des politiciens blogueurs, histoire de rire un peu, mais ils ne sont plus maintenant aussi nombreux que lors des années passées... et personne ne réagirait de toute façon, même pas Valéry Giscard d'Estaing ou Jean-Pierre Raffarin... Je ne désignerais donc personne.
Rassurez-vous, chers lecteurs, c'est la dernière fois que je tiens le genre de propos que j'ai tenu aujourd'hui dans le présent article. Pas de leçon de morale, par pitié : je ne suis pas un nombriliste, et il me semble que, jusqu'ici, j'ai toujours fait preuve d'une certaine retenue. Cette invitation au jeu de la tag aura peut-être été simplement l'occasion pour moi de crever un abcès... jusqu'à la prochaine fois... Pas de conseils de lecture non plus, s'il vous plait : Albert Camus ne m'a rien appris sur le suicide. Cet article me coûtera sans doute quelques relations, mais si c'est le cas, alors c'est que ces relations n'étaient pas des plus fiables, de toute façon...
Voila. Désolé pour le dérangement. Et surtout Olivier (KaG), ne le prend pas mal... :-)
A plus tard... peut-être...
Cordialement,
Hyarion.