La plate-forme qui héberge le présent blog est sur le point d'évoluer complètement vers une nouvelle version. Ce blog étant apparemment un des derniers à n'avoir pas fait l'objet de cette évolution, et la première version de la plate-forme étant destinée à disparaître prochainement, je me demande si je ne vais pas bientôt être confronté à un certain nombre de problèmes techniques et si je pourrais finalement encore disposer correctement de ce blog l'année prochaine... Au cas où, sans plus tarder, je publie donc cet article, prévu de longue date, en espérant toutefois que ce ne sera pas le dernier...
Il y a quelques semaines, au début du mois de novembre, a eu lieu la fameuse distribution des prix littéraires français, comme chaque année. La saison des prix littéraires intervient à l'issue de la rentrée littéraire d'août-septembre, événement culturel le plus attendu dans le monde des livres en France. Cette année, la production littéraire de la rentrée s'est accrue : le nombre de romans est en légère augmentation par rapport à 2006, avec 727 titres dont 493 français et 234 étrangers. Le cru 2007 compte 44 ouvrages de plus qu'en 2006, et un tiers de plus qu'il y a 10 ans, si l'on en croit le magazine Livres Hebdo.
Comme chaque année, les éditeurs en font des tonnes: 727 romans français et étrangers - 43 de plus que l'an dernier - arrivent en librairie pour la rentrée littéraire, dont les auteurs phares se frottent cet automne à l'actualité et à la marche du monde.
En 2006, le succès foudroyant des "Bienveillantes" de Jonathan Littell avait monopolisé les ventes et l'attention des lecteurs. Plusieurs éditeurs avaient alors dénoncé la concentration massive des sorties en quelques semaines, mais tous répondent à nouveau présents.
Parmi les 493 romans français, le cru 2007 voit s'affirmer une génération d'auteurs exigeants, au côté des éternels "poids-lourds" de l'édition.
Au commencement, il y a Yasmina Reza. Dès vendredi, l'auteur vedette de pièces de théâtre traduites dans plus de 35 langues donne le coup d'envoi avec la sortie de "L'aube le soir ou la nuit" (Flammarion), un roman-reportage sur la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, qu'elle a suivi pendant près d'un an. Un texte annoncé comme "très littéraire" - c'est à dire, en course pour les prix de l'automne - tiré d'emblée à 100.000 exemplaires.
Egalement en première ligne, Olivier Adam publie à 33 ans son septième livre : "A l'abri de rien" (L'Olivier), une plongée dans la misère des réfugiés de Sangatte, auxquels Marie, jeune femme un peu perdue, décide de porter secours.
Dans "Fin de l'histoire" (Verticales), François Bégaudeau évoque la détention de Florence Aubenas. Benoît Duteurtre, observateur malicieux de la société, décrit un monde ultra-sécurisé dans "La cité heureuse" (Fayard). Eric Reinhardt s'attaque à la classe moyenne dans "Cendrillon" (Stock) et Marie Darrieussecq raconte dans "Tom est mort" (P.O.L) le deuil après la mort d'un enfant.
Déjà repérés par le public et les jurys littéraires, tous confirment leur place dans la galaxie du roman français, au côté de Philippe Claudel ("Le rapport de Brodeck", Stock) ou Clémence Boulouque ("Nuit ouverte", Flammarion).
D'autres, plus expérimentés, sont fidèles au rendez-vous de septembre. Pas de rentrée sans Amélie Nothomb : 16 romans en 15 ans. Dans "Ni d'Eve ni d'Adam" (Albin Michel), la Nothomb retourne au Japon, où elle avait déjà situé l'action de l'un de ses meilleurs livres, "Stupeur et tremblements" (Grand prix du roman de l'Académie française).
Pierre Assouline ("Le portrait", Gallimard), Dominique Schneidre ("Ce qu'en dit James", Seuil) ou Jean Hatzfeld ("La stratégie des antilopes", Seuil) comptent également parmi les pointures de la rentrée.
Patrick Besson livre avec "Belle-soeur" (Fayard) une élégant roman psychologique. Et les frères Poivre d'Arvor pointent, à nouveau, la tête à l'approche de la saison des prix ("J'ai tant rêvé de toi", Albin Michel).
Loin de la course aux prix littéraires, Patrick Modiano plongera ses lecteurs dans le Paris des années 1960 avec "Dans le café de la jeunesse perdue" (Gallimard), et Philippe Sollers a intitulé ses mémoires... "Un vrai roman" (Plon).
Cette forêt de livres ne décourage pas les débutants, âgés cette année de 15 à 93 ans: 102 premiers romans sont annoncés d'ici octobre et si les "grandes" maisons d'édition limitent les sorties, de nouvelles entrent chaque année dans la course.
La littérature étrangère arrive également en force. Avec pour têtes d'affiche, Norman Mailer, auteur d'une "biographie romancée d'Hitler" ("Un château en forêt" (Plon) ou Günter Grass, avec "Pelures d'oignon" (Seuil), ses souvenirs de jeunesse qui ont fait scandale en 2006 lors de leur sortie en Allemagne.
(Dépêche de l'Agence France Presse [AFP], 21 août 2007, 15h47)
Le Goncourt à Gilles Leroy, la surprise Pennac pour le Renaudot
Quatorze tours de scrutin pour attribuer le Goncourt, dix pour le Renaudot, les débats ont été dans les deux cas longs et animés. Avec, confiait l'un des jurés, "une petite fronde des jurés des deux côtés" qui ont refusé de se laisser dicter leur choix.
Gilles Leroy l'a emporté par 4 voix contre 2 à Olivier Adam pour "A l'abri de rien", présenté comme l'un des favoris pour les prix de l'automne. Signe des difficultés à parvenir à un accord, au 14è tour de scrutin une voix est encore allée à Amélie Nothomb ("Ni d'Eve ni d'Adam"), pourtant absente de la dernière sélection.
Sorti discrètement en septembre, "Alabama song" (Mercure de France), dixième roman de Gilles Leroy, 48 ans, raconte le destin tragique de Zelda Sayre, "belle du sud" des Etats-Unis devenue l'épouse de l'écrivain Francis Scott Fitzgerald [auteur de Gatsby le Magnifique].
"Je suis fasciné par les gens précoces, comme Zelda et Scott, et qui ont une puissance de désir intense. Elle a intensément désiré, non seulement en tant que femme, mais aussi en tant que femme qui voulait devenir une artiste", expliquait l'auteur dans le hall du restaurant Drouant.
Zelda et Scott Fitzgerald symbolisent l'insouciance des années 1920, avant la dégringolade dans la folie et l'alcool. "J'ai épousé un artiste ambitieux, me voici douze ans plus tard flanquée d'un notable ivrogne et couvert de dettes, telle la dernière des rombières", constate la jeune femme dans "Alabama song". Un livre dont les jurés Goncourt soulignaient après le vote les qualités d'écriture. Pour Bernard Pivot, "Leroy a un style flamboyant".
Surprise totale en revanche chez les Renaudot. Daniel Pennac, 62 ans, dont le livre - "Chagrin d'école" (Gallimard) - n'était pas sélectionné, est sorti du chapeau au 10è tour, la voix du président Patrick Besson, comptant double et permettant de dégager une majorité.
C'est, selon plusieurs jurés, l'écrivain J.M.G. Le Clézio qui a lancé le nom de Pennac. Auteur de romans populaires et de plusieurs livres pour défendre la langue française, il raconte dans "Chagrin d'école" son passé de cancre, enfant malheureux à l'école devenu prof lui même... et écrivain à succès.
"Ce prix, c'est un joli clin d'oeil. Cela prouve que certains professeurs se sont trompés dans mon enfance et qu'ils n'ont pas vu assez loin mais on ne peut pas leur en vouloir", a-t-il dit à son arrivée chez Drouant.
Côté éditeurs, Gallimard qui avait raflé la mise en 2006 avec "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell (Goncourt et Grand prix du roman de l'Académie française) fait coup double : Pennac est un auteur maison et le Mercure de France, qui édite Leroy, est une filiale du groupe, dirigée par Isabelle Gallimard.
Le Renaudot de l'essai est revenu à Olivier Germain-Thomas pour "Le Bénarès-Kyoto" (Le Rocher).
(Dépêche de l'Agence France Presse [AFP], 5 novembre 2007, 16h12)
En ce qui me concerne, le fait qu’un auteur soit lauréat d'un des prix littéraires distribués à l'automne - Prix Goncourt, Prix Renaudot, Prix Femina, Prix Médicis, Prix Interallié, Prix de Flore, etc - n'est pas un argument pour acheter son livre. Pour être franc, je crois n'avoir dans ma bibliothèque - pourtant abondemment remplie, me semble-t-il - que deux livres, tout au plus, ayant été récompensés par un prix littéraire, en l'occurence le prix Goncourt : Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq (Prix Goncourt en 1951, refusé par l'auteur) et La Bataille de Patrick Rambaud (Prix Goncourt en 1997)... Mais il faut croire que pour beaucoup d'autres personnes, l'attribution d'un prix littéraire est quelque-chose de particulièrement important... Il faut dire que le prix Goncourt est une garantie de succès commercial pour un roman, d'autant plus qu'il est attribué - comme les autres - quelques semaines avant Noël...
Pourquoi la littérature d'aujourd'hui présentée dans les médias m'intéresse si peu ? J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer, en avril dernier, au sujet du conformisme dans lequel est actuellement plongée la production culturelle française en général - voir l'article intitulé "Quid de la Culture dans ce monde électoraliste ?" -, et je ne peux que citer à nouveau l'écrivaine turque Mine Kirikkanat qui, il y a presque un an maintenant, évoquait ainsi, de façon fort juste, la situation de la littérature française actuelle :
(Mine Kirikkanat, in Marianne N°509 [du 20 au 26 janvier 2007])
Le système "autoréférencé" : voilà bien, précisément, ce qui ne m'incite pas à m'intéresser aux nouveautés littéraires exhibées régulièrement dans les médias... Pourtant, les écrivains d'aujourd'hui sont plus que jamais tributaires de ce système... Comment réussir à émerger de la masse des nombreux candidats à la publication sans se soumettre aux règles d'une oligarchie éditoriale et de jurys littéraires immuables, qui semblent plus ou moins tout contrôler ? Parfois, il suffit de pas grand-chose pour parvenir à se faire connaître et être publié - et donc être, dès lors, susceptible d'être lu -, mais on en revient toujours au même constat : pour quelques rares vrais découvertes, combien de phénomènes médiatiques creux et éphémères ?
Tout celà me fait penser à un souvenir de lecture d'un journal, il y a plus de cinq ans de celà, déjà... C'était à la fin du mois d'avril 2002, et plus précisément entre les deux tours de la fameuse élection présidentielle qui a vu une majorité d'électeurs français être assez stupides pour imposer à tous, un certain dimanche 21 avril, un duel entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen au second tour du 5 mai de cette année-là. Le lundi 29 avril 2002, en parcourant les pages du journal Libération, je suis tombé sur "Nuits blanches", une chronique du monde de la nuit parisien, que faisait alors régulièrement Eric Dahan, journaliste, musicien, réalisateur et, surtout, "figure mythique de la nuit parisienne" selon Technikart, le magazine tenu parfois pour un révélateur des modes "branchées" ou "underground" de la capitale... Et voici ce que j'ai lu :
Après le black sunday, c'était la consternation à Paris. On sillonnait le Bois de Boulogne avec Marc Lamour au son de Bowie chantant I'm so Afraid. Puis on faisait un stop au Bowling Etoile Foch, où Titof nous avait invités au Grand Strike de Sasha, Rachid, Bryan, Lenny et Joanna. A l'intérieur, tout l'underground hip-hop. Un toaster hurle au micro: "Nique sa mère à Le Pen", pendant le mix de Cut Killer, et on se croirait revenu au temps des Soul Kitchen à New York.
(Chronique "Nuits Blanches", par Eric Dahan, publiée in Libération N°6518, lundi 29 avril 2002)
Vous n'avez pas tout compris de ce que vous avez lu, chers lecteurs ? Rassurez-vous, c'est tout-à-fait normal... ;-) Moi non plus, je ne suis pas un "roi de la branchouille", et cette chronique, rappelons-le, date d'il y a plus de cinq ans. Sur l'ensemble des personnes évoquées dans le texte de Dahan, combien ne sont pas tombés dans l'oubli aujourd'hui, mis à part, bien entendu, les invités célèbres du "brunch" au ministère de l'Education, et peut-être quelques patrons de clubs nocturnes surtout connus des habitués de la nuit parisienne ? Même chose pour les lieux évoqués. Dans cinquante ans, on devra accompagner ce texte d'un lacis serré de notes en bas de page, pour y comprendre quelque-chose...
Pour l'heure, c'est essentiellement l'aspect politique dudit texte qui reste compréhensible, même si je me souviens que le rapport entre le titre "Le retour du politique" et la photographie de Dahan illustrant sa chronique, et représentant une certaine Bénédicte posant allongée dans le plus simple appareil, ne m'avait pas franchement sauté aux yeux à la première lecture... ;-)
Chacun, au passage, aura sans doute pû apprécier l'évocation par Eric Dahan de l'inimitable Jack Lang, alors ministre de l'Education Nationale d'un gouvernement Jospin sur le point de déposer le bilan : Jack, l'ami des jeunes ; Jack, l'ami des artistes ; Jack, l'éternel ministre de la Culture même des années après avoir abandonné cette fonction... Vraiment inimitable, ce Jack... et tellement sympathique ! Le monde des libraires indépendants lui doit beaucoup, grâce à la loi de 1981 sur le prix unique du livre, loi qui porte son nom. Comment ne pas aimer Jack, quand on aime la culture ? Je le dis sérieusement : Jack est vraiment quelqu'un de sympathique. Dommage, cependant, qu'il n'ai pas compris à quel point les manifestations étudiantes et lycéennes anti-Le Pen de l'entre-deux tours n'étaient politisées - au sens citoyen du terme - que de façon très superficielle... Pour ma part, je le sais, et pour cause : j'y étais... ;-)
Dahan, qui a affirmé avoir eu le "déclic" de l'écriture après avoir lu Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche - saine lecture, soit dit en passant -, a expliqué ainsi, dans un entretien avec un journaliste du magazine Technikart, en mars dernier, pourquoi il avait arrêté ses chroniques du monde de la nuit parisien, chroniques qu'il écrivait depuis 1994 : "L'évolution de la nuit ces dernières années, caractérisée par une inflation du discours et de la couverture médiatique inversement proportionnelle à la réalité économique et sociale de l'industrie de la nuit, mais également le fait que je ne supporte pas la médiocrité de la musique jouée dans les clubs, font que je songeais depuis plusieurs années à mettre un terme à cette chronique. Sans même parler du fait que tout ce qui l'avait constituée et qui était alors socialement transgressif ou au moins neuf, était devenu la norme. Quand l'idéal de distinction devient la norme et que la jouissance devient un impératif catégorique, j'ai tendance à me chercher d'autres espaces de liberté, ailleurs que dans le conformisme misérable d'une époque inculte et inepte." De fait, lorsque l'on lit cette ancienne chronique de 2002, on ne peut que remarquer que le constat fait aujourd'hui, par Dahan lui-même, sur le monde de la nuit est assez proche de celui que l'on pouvait faire déjà à l'époque, et sans doute même avant encore... La tyrannie de l'urgence et celle des apparences ne datent pas d'hier...
Mais revenons à nos moutons... Pourquoi parler de tout celà ? Quel rapport avec les livres et le monde de l'édition ? Eh bien, justement, j'y viens... Comme vous peut-être, chers lecteurs, j'ai été quelque-peu intrigué, au premier abord, par le présence d'une photographie déjà évoquée plus haut et représentant une certaine Bénédicte posant nue allongée, et présentée, dans la légende comme dans le texte, comme étant l'auteur de nouvelles érotiques rencontrée par le chroniqueur à une soirée "hip hop" au club du Bowling de l’Etoile... A l'époque, j'avais fini par oublier cette incongruité apparente, et même la lecture de la chronique, jusqu'à ce que quelque-chose me fasse m'en souvenir l'année suivante : en novembre 2003, on appris qu'une certaine Bénédicte Martin, née en 1978, avait écrit un recueil de nouvelles érotiques, lequel recueil venait d'être édité chez Flammarion, grâce à Frédéric Beigbeder - ancien publicitaire devenu écrivain et animateur de télévision, président du jury du Prix de Flore qu'il a fondé en 1994, et qui fut éditeur chez Flammarion de 2003 à 2006 -, avec une couverture plutôt racoleuse. La jeune femme étant venu faire la promotion de son livre à l'époque à la télévision, dans "Tout le monde en parle" sur France 2, la défunte émission "talk-show" produite et animée par Thierry Ardisson - ami de Beigbeder -, le lecteur d'un certain numéro de Libération d'avril 2002 a pû s'apercevoir, à cette occasion, que Bénédicte Martin et la "Bénédicte" photographiée dans une tenue très décontractée, l'année précédente, par Eric Dahan, étaient la même personne...
J'ai appris, par la suite, que, selon le magazine Technikart, dans un de ses numéros parus à l'époque, que c'était précisément Eric Dahan qui avait alors contribué à lancer la carrière de la jeune écrivaine, en la remarquant lors de cette soirée du Bowling de l’Etoile : la photographie de "Bénédicte" publiée dans sa chronique "Nuits Blanches" du numéro du 29 avril 2002 de Libération était, en fait, un cliché d'une séance de pose nue faite par la jeune femme à la demande de Dahan, le lendemain de la soirée, séance à l'occasion de laquelle l'écrivaine lui a présenté ses premiers écrits. La rencontre avec l'éditeur Beigbeder ne s'est, dès lors, guère faite attendre, le personnage étant connu pour être friand de ce genre de petite "provocation"...
Voyez-donc comme les choses peuvent être simples pour les écrivains débutants, pourvu que l'on ait quelques atouts à faire valoir auprès des bons intermédiaires... Cette petite histoire est anecdotique, bien entendu, mais tout-de-même assez révélatrice de la façon dont pouvait fonctionner le petit monde de l'édition il y a encore quelques années... Résultat : on publie - voire récompense - des choses qui ne méritent pas forcément de l'être, ou pour de mauvaises raisons, alors que l'on s'aperçoit que certains grands écrivains du passé ne trouveraient pas forcément d'éditeurs aujourd'hui...
Jane Austen, célèbre auteur britannique du début du [XIX]e siècle, ne trouverait pas aujourd'hui d'éditeur, comme l'a vérifié un écrivain frustré en envoyant des manuscrits à une vingtaine d'éditeurs.
Selon la presse britannique, David Lassman, qui peine lui-même à se faire publier, a ainsi envoyé le premier chapitre suivi d'un synopsis de trois romans différents de Jane Austen, en se contentant de changer les titres et les noms de personnages.
Sur 18 éditeurs, 17 ont renvoyé des lettres de refus type ou n'ont pas répondu. Seul l'un d'entre eux a reconnu le style d'Austen ("Orgueil et préjugés", "Raison et sentiments"), recommandant à l'auteur du manuscrit d'éviter le pastiche.
"Arriver à faire publier un roman est très difficile aujourd'hui, sauf si vous avez un agent littéraire", a souligné M. Lassman à la presse, se disant sidéré du nombre de refus essuyés par la grande dame.
David Lassman, 43 ans, est le directeur du festival Jane Austen à Bath (sud-ouest de l'Angleterre).
Il a même eu l'audace d'envoyer le premier chapitre légèrement modifié d'"Orgueil et préjugés", l'oeuvre la plus célèbre d'Austen, en conservant sa première phrase, archi-connue en Angleterre: "C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier...".
(Dépêche de l'Agence France Presse [AFP], 19 juillet 2007, 16h50)
Dante Alighieri, François Villon, Miguel de Cervantès, William Shakespeare, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, Voltaire, Johann von Goethe, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Edgar Allan Poe, Charles Dickens, Gustave Flaubert, Henrik Ibsen, Léon Tolstoï, Anton Tchekhov, Marcel Proust, James Joyce, Ernest Hemingway, Albert Camus, etc. : tout le monde connait le nom de ses grands écrivains - encore que... dire que tout le monde les connait, même seulement de nom, c'est sans doute un peu exagéré -, mais qui les lit vraiment aujourd'hui, en dehors des établissements scolaires et universitaires ? Moins de monde encore, à mon avis, qu'on pourait le croire...
De fait, personnellement, je suis plus attiré par la littérature du passé que par celle d'aujourd'hui. Les oeuvres des siècles passés, que l'on appelle les classiques, m'intéressent davantage que les phénomènes médiatiques éphémères vendus régulièrement dans les médias... J'apprécie également la littérature de genre, notamment la fantasy, mais là encore, je préfère les classiques du genre - ceux de Robert E. Howard et J.R.R. Tolkien, notamment - aux nouveautés commerciales constituées en "sagas" interminables dont les éditeurs nous abreuvent depuis quelques années...
Que pourrais-je vous conseiller comme lectures ? Je n'aime pas la frénésie commerciale qui s'empare régulièrement de nos sociétés de consommation au moment des fêtes de fin d'année, mais si, par hasard, certains d'entre-vous, chers lecteurs, souhaitent des suggestions d'acquisitions, en voici quelques-unes, toutes en rapport avec le monde de la fantasy :
- La Formation de la Terre du Milieu (Histoire de la Terre du Milieu, IV), de J.R.R. Tolkien, textes présentés par Christopher Tolkien, traduits de l'anglais par Daniel Lauzon (Christian Bourgois Editeur, 2007).
Il s'agit du quatrème volume de l'Histoire de la Terre Milieu, vaste ensemble en douze volumes, regroupant une grande partie des différents textes, brouillons, versions et autres inédits de J.R.R. Tolkien (1892-1973), l'auteur de Bilbo le Hobbit (The Hobbit, 1937) et du Seigneur des Anneaux (The Lord of the Rongs, 1954-1955). Voici la présentation de l'éditeur : "La Formation de la Terre du Milieu se situe dans la continuité des Contes Perdus et des Lais du Beleriand, mais elle peut être lue pour elle-même afin de découvrir le " vrai " Silmarillion tel que J.R.R. Tolkien l'a conçu dans les années 1920-1930, bien avant d'écrire Le Seigneur des Anneaux. La Formation de la Terre du Milieu est un volume central, où l'on trouvera deux versions " authentiques " du Silmarillion - L'Esquisse de la Mythologie et la Quenta, qui racontent la création du monde, l'apparition des dieux et des Elfes, les premières batailles et l'histoire de grands héros comme Túrin -, mais aussi des cartes en couleurs (la première carte du Silmarillion) ou en noir et blanc absolument inédites en français, complétées par une étonnante description du monde de Tolkien (l'Ambarkanta), des chronologies et des textes historiques, les fameuses Annales du Valinor et du Beleriand."
- Conan le Cimmérien - Premier volume (1932-1933), de Robert E. Howard, textes traduits de l'anglais par Patrice Louinet et François Truchaud, introduction et notes de Patrice Louinet, illustrations de Mark Schultz (Bragelonne, 2007).
Avec ce premier ouvrage, les éditions Bragelonne ont commencé à publier une nouvelle édition, en trois volumes illustrés - à tirage limité, hélas -, des écrits originaux de Robert E. Howard (1906-1936) consacrés à son célèbre personnage de fantasy Conan le Cimmérien, sans coupures, ni ajouts, ni modifications (fait inédit en France), et dans l'ordre chronologique de rédaction et de publication. Les récits de Howard y sont restitués à partir des manuscrits originaux des années 1932-1936, dans des traductions entièrement renouvelées et accompagnés de nombreux inédits, de fragments et de notes de l'auteur sur l'univers de Conan. Le premier volume est paru en octobre dernier, et les deux autres paraitront dans le courant de l'année prochaine. Pour avoir acquis récemment le premier volume, je peux dire qu'il s'agit d'un bel objet, avec une belle reliure, et à l'intérieur duquel il ne manque rien, sauf les célèbres peintures de Frank Frazetta... mais les illustrations de Mark Schultz sont quand même sympatoches... :-)
Il est heureux que cette publication des écrits de Howard consacrés à Conan ait lieu à présent en France, alors que se poursuit, en parallèle, la publication, chez Christian Bourgois, des volumes de l'Histoire de la Terre du Milieu de Tolkien : ainsi, le public francophone aura-t-il bientôt la possibilité de mieux connaître, et d'apprécier à sa juste valeur, le travail littéraire des deux pères de la fantasy moderne...
- Stardust - Le Mystère de l'Etoile, de Neil Gaiman, illustré par Charles Vess, traduit de l'anglais par Nicole Duclos et Françoise Effosse-Roche (Marvel Panini France, 2007).
Paru initialement en 1997-1998, ce roman de fantasy de Neil Gaiman n'avait été publiée en France, jusqu'à tout récemment, que dans une version dépourvue des illustrations originales de Charles Vess. Cet oubli a été réparé, et l'oeuvre a été republiée cette année, dans sa version illustrée et avec une nouvelle traduction, à l'occasion de la sortie en salles de son adaptation cinématographique réalisée par Matthew Vaughn. Voici un extrait de la présentation de l'éditeur : "À l'aube de l'ère victorienne, dans la campagne anglaise alanguie, se dresse le village de Wall - un hameau isolé tirant son nom de l'imposant mur de pierre qui l'entoure. La vie paisible de la petite bourgade n'est perturbée qu'une fois tous les neuf ans, quand simples mortels et créatures magiques se retrouvent dans un pré voisin à l'occasion d'une foire à nulle autre pareille. À Wall, le jeune Tristran Thorn est éperdument amoureux de Victoria, la plus jolie fille du village, mais la belle est aussi distante et inaccessible que l'étoile filante qu'ensemble ils voient tomber par une froide nuit d'octobre. Pour conquérir le cœur de Victoria, Tristran lui promet de retrouver l'étoile et de la lui rapporter. Sa quête le conduira au-delà du mur, dans un monde dont la féerie dépasse l'imagination..."
- Beowulf, poème médiéval anonyme, (Librairie Générale Française ou LGF [Le Livre de poche], collection "Lettres gothiques", 2007).
A l'occasion de la sortie en salles de l'adaptation cinématographique du poème réalisée par Robert Zemeckis (à partir d'un scénario de Neil Gaiman et Roger Avary), une nouvelle édition française de Beowulf, a été publiée tout récemment, en novembre dernier, dans l'excellente collection "Lettres gothiques" du Livre de Poche. Je rappelle que, comme pour tous les autres ouvrages publiés dans cette collection, il s'agit d'une édition bilingue, avec une nouvelle traduction d'André Crépin. Celui-ci affirme lui-même que sa précédente traduction - devenue quasiment introuvable - était "moins nerveuse" et "moins exacte" que celle qui est proposée aujourd'hui. Un bon livre, donc, et à un prix très raisonnable, ce qui est toujours suffisemment rare pour être signalé. Voici la présentation de l'éditeur : "Poème en vieil anglais des environs de l'an mil, Beowulf est le plus ancien long poème héroïque qui nous soit parvenu intégralement dans une langue européenne autre que le latin. Il s'inscrit peut-être dans une tradition beaucoup plus ancienne encore, puisque Beowulf est présenté comme le neveu d'un chef scandinave dont la mort vers 520 est historiquement attestée. Prince modèle, fidèle à ses souverains et à ses engagements, il affronte des forces mauvaises, ogres et dragons. Il meurt, à la fois victime et vainqueur du dragon, en protecteur de son peuple. La société décrite, et vérifiée par l'archéologie, est païenne, mais le poème est chrétien. La célébration en anglais d'un héros scandinave, l'éloge d'un prince païen par un poète chrétien, le mélange de fabuleux et d'historique, l'entrelacement des épisodes, le style délibérément traditionnel expliquent la fascination exercée parce chef-d'œuvre. Depuis que sa valeur littéraire a été reconnue au XIXe siècle et sa leçon de courage réaffirmée en 1936 par Tolkien, l'auteur du Seigneur des anneaux, les médias, surtout anglo-saxons, ne cessent de l'exploiter. Ce volume, qui donne à la fois le texte original et une traduction nouvelle d'André Crépin, permet au public francophone de le découvrir."
- Errances en Faërie, recueil de contes murmurés à une chouette aveugle, recueil collectif de contes (Editions Skiophoros, 2006).
Je ne suis sans doute pas très objectif en recommandant ce dernier volume, vu que certains des auteurs de ce recueil de contes sont des amis, mais j'assume... ;-) Voici la présentation de l'éditeur : "Les sept textes qui composent ce recueil — initialement publiés sur le site JRRVF (www.jrrvf.com) dédié à Tolkien — sont autant d'invitations à la découverte des royaumes de Faërie. Tantôt serpentant sous de mélodieux scintillements d'étoiles, tantôt s'insinuant à l'ombre de quelques créatures chimériques, ils livrent au lecteur un horizon atypique des frontières toujours incertaines du merveilleux. Pour peu qu'il se prenne au jeu de ces errances, c'est alors aux confins de son propre univers imaginaire que le lecteur aura peut-être la surprise de se retrouver. Car si ils sont des voyages en pays fantasques et inconnus, les contes de Faërie sont avant tout des labyrinthes vertigineux aux miroirs asymétriques, par dessus lesquels on se penche comme on scrute l'abysse."
Voilà une partie de la littérature que j'aime. Maintenant, c'est à vous de voir... ou plutôt de lire, si le coeur vous en dit...
Bon Noël à tous.
Cordialement, :-)
Hyarion, le démocrate anarcho-monarchiste.