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Jean-Louis Roche : le dernier des vrais marxistes ?

par Hyarion 17 Décembre 2008, 22:13 Lectures et écritures

Vous souvenez-vous de Gérard Schivardi, chers lecteurs ? Cet ancien candidat à l'élection présidentielle de 2007, soutenu par le Parti des Travailleurs (trotskiste), se définissait, l'année dernière, comme "l'un des derniers vrais socialistes" (?!?!). Entre nous, encore aujourd'hui, je ne sais pas si c'était vraiment le cas, mais, par contre, depuis le temps que je m'occupe du présent blog, à défaut d'avoir identifié le dernier vrai socialiste (bien que je sois moi-même adhérent du PS, la mission me parait un peu compliquée ;-)...), j'ai eu l'occasion d'entrer en contact, en tant que blogueur, avec l'homme qui est peut-être le dernier des vrais marxistes... En cette fin d'année 2008, j'aimerai donc évoquer, le temps d'un article, celui qui me parait être un des blogueurs les plus originaux dans son genre, très iconoclaste vis-à-vis de l'extrême-gauche française telle que nous la connaissons, et qui est le seul blogueur marxiste satiriste que je connaisse : Jean-Louis Roche, auteur du blog "Le Prolétariat Universel" (http://proletariatuniversel.blogspot.com/).
Le premier contact a eu lieu pendant la campagne présidentielle de 2007, après que Jean-Louis Roche ait laissé un commentaire au bas d'un de mes articles de l'époque, daté du 29 avril 2007 et intitulé "Sarkozy de Nagy-Bocsa, alias Talonnette Ier..." (l'article en question semble, par ailleurs, apparemment toujours susciter un certain intérêt aujourd'hui...). "Pas du même bord que vous mais vous pouvez lire aussi mon blog" m'écrivait-il à l'époque. Le fait que je me définisse comme anarcho-monarchiste avait peut-être pu lui faire penser que j'étais une sorte d'"anarchiste de droite" à la manière d'un Léon Bloy... ce qui n'est pas mon cas. De plus, bien que m'étant toujours positionné à gauche sur l'échiquier politique français, j'ai commis l'erreur d'adhérer au MoDem pendant quelques mois, par anti-sarkozysme (c'était mon premier véritable engagement politique : tout le monde peut se tromper, non ?)... ce qui n'a pas sans doute pas amélioré mon image aux yeux de Jean-Louis Roche. Depuis mars 2008, je suis adhérent du Parti Socialiste, et je reste, aujourd'hui plus que jamais, positionné à gauche, résolument anti-sarkozyste et forcément opposé à la droite au pouvoir. Mais pour le camarade Jean-Louis, je me doute que cela ne suffit pas pour que je sois du même bord que lui, puisque ce qui compte à ses yeux, ce n'est apparemment pas le clivage entre la gauche et la droite, mais bien plutôt le clivage entre le Prolétaire et le Bourgeois, et donc le combat à mort entre le capitalisme et le marxisme. Or, bien qu'étant positionné à gauche, je ne suis ni capitaliste, ni marxiste... d'où un problème persistant pour savoir de quel bord je me situe aux yeux de Jean-Louis, puisqu'il considère que le PS n'est qu'un parti bourgeois, au milieu d'autres partis bourgeois n'existant qu'à travers un système électoral qui est lui-même bourgeois.


Bien entendu, dire que, pour Jean-Louis Roche, le monde se divise en deux catégories, ceux qui incarnent le Bourgeois et ceux qui incarnent le Prolétaire, serait pour le moins caricatural, et on peut s'en rendre compte en lisant attentivement les articles de son blog, où l'humour satirique est, par ailleurs, souvent présent. Mais cela dit, la référence historique de l'engagement politique du camarade Jean-Louis est très claire : il se réclame du combat "du prolétariat" et de celui "du mouvement communiste de Babeuf à Lénine"... en passant par Marx, dont il est assurément un lecteur aussi fervent qu'attentif. Très critique cependant à l'égard des "héritiers du stalinisme et de son bâtard le trotskisme", Jean-Louis Roche n'hésite pas dénoncer l'escroquerie que représente, pour tout vrai marxiste, le parti trotskiste Lutte Ouvrière (LO) d'Arlette Laguiller et la mouvance trosko-guévariste LCR/NPA d'Alain Krivine et d'Olivier Besancenot, qu'il considèrent comme étant de pathétiques "groupes gauchistes institutionnels mis en vedette par les médias" et financés grâce au système électoral de l'"hypocrite démocratie bourgeoise". Jean-Louis, lui, ne croit pas aux élections, mais à la révolution, dont il énonce les conditions sur son blog :

"CONDITIONS DE LA FUTURE REVOLUTION

1. IL NE SUFFIT PAS QUE CEUX D'EN BAS NE VEUILLENT PLUS NI QUE CEUX D'EN HAUT NE PUISSENT PLUS, IL FAUT AUSSI QUE CEUX DU MILIEU NE SOIENT PLUS COMPLICES DE CEUX D'EN HAUT.

2. L'ETAT BOURGEOIS DOIT ETRE RENVERSE PAR UNE ACTION PARALYSANTE DU PROLETARIAT, EN UNE DUREE NON DETERMINEE, A LA SUITE DE GREVES MASSIVES ASPHYXIANT COMPLETEMENT L'ECONOMIE BOURGEOISE ET PAR LA PRISE D'ARMES (LA NOTION D'INSURRECTION A DES ALLURES DE WESTERN INADEQUAT AU BOULEVERSEMENT, ENCORE VIOLENT, NECESSAIREMENT PLUS VASTE ET ETENDU DANS LE TEMPS QU'UNE SIMPLE PRISE DU PALAIS D'HIVER).

3. LE DEMI-ETAT TEMPORAIRE , SIMPLE BUREAU DE STATISTIQUES, EST SOUS LE CONTROLE ARME DES CONSEILS OUVRIERS. DISSOLUTION DES CORPS ARMES MERCENAIRES DE L'ANCIEN REGIME. SYNDICATS ET PARTIS POLITIQUES BOURGEOIS SONT INTERDITS.

4. MESURES ECONOMIQUES D'AIDE AUX PLUS DEFAVORISES RAPIDEMENT MISES EN PLACE ET REPARTITION SELON LES BESOINS VITAUX ET HUMAINS POUR EVITER TOUTE GUERRE CIVILE.

5. SUPPRESSION DE TOUTES LES HIERARCHIES ET DES DIVERS SYSTEMES DE RECOMPENSE, QUI FAVORISENT LA COMPETITION MARCHANDE ET L'ARRIVISME.

6. LA PETITE BOURGEOISIE N'OCCUPE PAS LA PLACE DIRIGEANTE DE LA REVOLUTION, LES PROLETAIRES DOIVENT VEILLER A RESTER MAJORITAIRES DANS LES ORGANES DE DECISION.

7. AUCUN PARTI NE PEUT S'ARROGER DE DECIDER A LA PLACE DES ORGANISMES DE MASSE DU PROLETARIAT.

8. LA REVOLUTION EST UN APPEL PERMANENT A LA RESPONSABILITE DU PROLETARIAT DE TOUS LES PAYS, IL N'Y A DONC NI GUERRE DEFENSIVE NI SOIT DISANT "GUERRE REVOLUTIONNAIRE" A MENER.

9. LES DESACCORDS ENTRE FRACTIONS DU PROLETARIAT OU FACE AUX COUCHES MECONTENTES DES CLASSES MOYENNES NE PEUVENT EN AUCUN CAS SE REGLER PAR UNE VIOLENCE ETATIQUE OU MILITAIRE.

10. LE BUT PERMANENT DE LA PERIODE DE TRANSITION EST DE MODIFIER RADICALEMENT LE MODE DE PRODUCTION ET DE DISTRIBUTION AFIN DE PARVENIR A L'EMANCIPATION DE L'HUMANITE, DITE PHASE DEUX DU COMMUNISME."


Après avoir énoncé les conditions de la future Révolution, Jean-Louis Roche prend heureusement soin de préciser que "ce programme précis d'insurrection totale reste à analyser, discuter et préciser"... Mais le principe de base n'en semble pas moins être très clair : entre le capitalisme et le marxisme, il faut choisir ! Mais comment pourrai-je choisir alors que je ne suis ni capitaliste, ni marxiste ? Le 4 février dernier, après avoir hésité un moment, j'ai fini par laisser un commentaire relatif à cette question au bas d'un des articles du blog de Jean-Louis, et quelques jours plus tard, le 10 février, ledit Jean-Louis m'a rédigé une longue réponse, sous la forme d'un article, que je me permets de reproduire ici :

"NO LIMIT

Tous les commentaires sont les bienvenus sur ce blog. Hélas si on peut voir de nombreuses connections depuis quelques mois, peu se risquent à émettre leur avis ou restent cachés. C’est pas beau le voyeurisme idéologique ! La pensée consciente n’existe pourtant que dans le dialogue, la confrontation des points de vue et je n’ai pas vocation à prêcher dans le désert. Si cela devait perdurer, je finirai par conséquent par clore ce blog. Je remercie donc chaleureusement le bloggeur « démocrate anarcho-monarchiste » du courriel qu’il m’a fait parvenir :

« A parcourir votre blog - fort bien écrit par ailleurs -, après plusieurs mois d'absence, je me pose toujours la même question : pourquoi vouloir imposer aux gens de choisir entre capitalisme et marxisme ? S'agit-il donc de choisir entre le Bien et le Mal ? Je déteste, pour ma part, les approches désespérément systémiques que proposent ces deux "modèles". Avec les capitalistes, comme avec les marxistes, les gens ne sont que des pions, prisonniers de leur compte en banque ou de leur classe sociale. Ainsi, on les enferme dans des grilles de lecture qui ne sont pourtant que des créations de l'esprit humain. Pas d'alternative, donc, ni pour les uns, ni pour les autres. Les uns disent : "le pognon, c'est génial ! La Bourse, c'est formidable ! La spéculation, officiellement c'est pas bien, mais en réalité c'est merveilleux ! La loi de la jungle, ya que ça de vrai ! Premier arrivé, premier servi ! Et pas de pitié pour les perdants !". Les autres disent : "la lutte des classes explique TOUT ! Absolument TOUT ! Et tout doit être pensé à partir de cela ! Les "comités", les "cellules", les "partis prolétariens", y a que ça de vrai ! La Révolution ! La Révolution ! Et ceux qui ne sont pas avec nous sont forcément contre nous, car ils sont à la solde de la réaction !" Et il me semble que je caricature à peine...
Franchement, moi qui déteste le pognon tout autant que les dogmes, quand j'entends parler les uns et les autres, j'ai simplement envie de faire le choix... de ne pas choisir.
Je doute que vous puissiez arriver à me convaincre, mais je prendrais volontiers connaissance de vos arguments, si vous souhaitez me répondre...

Cordialement,

Hyarion, le démocrate anarcho-monarchiste.


PS : j’adore la blague de Toto étudiant. (4 février 2008)

Cher Hyarion,

Comme je vous l’ai déjà dit dans ma réponse immédiate et brève, je ne suis pas là pour vous convaincre. Je suis depuis longtemps vacciné contre le militantisme de caserne. Je ne suis pas un parti à moi tout seul, bien que parfois je donne l’impression de me prendre pour Mirabeau. Je m’efforce simplement de rester humain. Je ne puise pas ma conviction dans l’encre du révolté gauchiste et syndicaliste qui puise sa motivation dans la rage, la haine, l’envie et le ressentiment. Pas de pose rebelle ou arrogante de ma part, même si je me laisse parfois aller à l’insulte qui est l’arme du solitaire et de l’impuissant devant l’injustice du monde.

Venons-en à votre question : pourquoi vouloir imposer aux gens de choisir entre capitalisme et marxisme ?

D’emblée il me semble que vous faites fausse route, et j’ai envie de vous répliquer comme Marx que le problème est dans la question. Personne n’impose rien à personne en soi hormis dans les périodes électorales truquées de la bourgeoisie. Vous êtes libre (en Occident) de penser ce que vous voulez et cela ne dérange personne. A votre façon vous êtes néanmoins le produit humain d’une époque où il est légitime que les gens ne croient plus en rien et surtout ne se laissent plus abuser par les promesses de TOUS les partis et conciliabules politiques. Cependant ce rejet ou ce dégoût généralisé n’est pas signe à mon sens d’indifférence. Je ne sais si vous êtes étudiant, chômeur, ouvrier ou parasite quelconque, mais je puis vous dire que nous sommes tous impliqués, concernés et responsables de la situation sociale et économique dans laquelle nous nous trouvons. Immédiatement, à ce titre nous n’avons pas tous les mêmes motivations ni les mêmes besoins. Comme je l’affirme dans mon ouvrage « Dans quel ‘Etat’ est la révolution ? » - qui ne paraîtra certainement pas vu l’impéritie et la veulerie des éditeurs à qui je l’ai soumis – la société est partagée entre Etre et Avoir. Que vous le vouliez ou non, le monde capitaliste (c’est comme cela qu’il s’appelle) est dominé par la lutte pour le pouvoir, le paraître et l’AVOIR. Je peux comme vous dire, je ne veux pas choisir entre l’être et l’avoir. Or, indépendamment de nous, le monde actuel est dominé par le culte de l’avoir, et moi je ne veux pas avoir, je veux être. J’aime beaucoup la conclusion du dernier livre de Jean-Claude Michea : « Mais s’il advenait, malgré tout, que l’humanité perde son dernier combat et soit ainsi contrainte de céder la place aux machines post-humaines, dans le monde dévasté du libéralisme victorieux, il resterait encore une vérité ineffaçable. La richesse suprême, pour un être humain – et la clé de son bonheur – a toujours été l’accord avec soi-même. C’est un luxe que tous ceux qui consacrent leur bref passage sur terre à dominer et exploiter leurs semblables ne connaîtront jamais. Quand bien même l’avenir leur appartiendrait » (cf. L’empire du moindre mal, ed. Climats).

Le bourgeois (car il existe vous en convenez ?) n’est pas conscient, il veut jouir, jouir de son pouvoir, de ses esclaves, de ses biens, de ses distractions. Toujours plus ! Le prolétaire et le petit bourgeois sont eux-mêmes contaminés par temps morose par la même envie au rabais. On voit donc que le monde ne se divise pas entre le bien et le mal, le péché et l’abstinence. Le désir d’AVOIR règne sur ce monde dans toutes ses acceptions : vaincre, baiser, posséder, écraser l’autre, le tuer, etc.

Or, depuis les premiers chrétiens, nous savons que dans la misère (des éternels vaincus) il n’y a pas que la misère mais la conscience d’un autre monde possible. Si vous vous trouvez bien en ce monde, no problem, passez votre chemin et qu’un dieu vous garde. Si vous n’êtes pas aveugle à la misère du monde alors songez à ces premiers chrétiens qui enduraient mille humiliations et morts, dont les mains étaient enchaînés mais qui découvrirent que personne ne pouvait enchaîner leur esprit. Bien sûr cet éveil primaire se réfugia d’abord dans la croyance superstitieuse en un prophète ou en un au-delà du respect humain, mais les siècles qui nous séparent de cet éveil ont montré que le mal n’était pas naturel ni héréditaire mais était le fait de sociétés de classes ou des hommes dominaient d’autres hommes sans vergogne. Des révolutions successives ont révélé que la conscience d’une humanité perfectible était un projet humain possible. Permettez-moi de citer encore Michea, philosophe pourtant doux anarchiste, mais si lucide :

« Dès que l’on se refuse à prendre appui sur des vertus déjà (ou encore) présentes dans la vie des classes populaires, ce ne sont plus seulement les raisons de leurs révoltes qui deviennent incompréhensibles. Il faut également admettre que l’invitation à rester humain n’a aucun sens, que le capitalisme ne sera définitivement vaincu que par des hommes ‘qui n’existent pas encore’ et que seule une élite mystérieusement protégée contre les vices inhérents à la nature humaine (« des hommes taillés dans une autre étoffe », disait Staline) pourra diriger le processus de fabrication industrielle de « l’homme nouveau ». Tel est, en dernière instance, le fondement mystique invariable de toutes ces théories qui invitent à confier le destin des peuples à l’avant-garde éclairée du genre humain ».

Pour l’avenir de l’espèce humaine il n’est ni dieu, ni César, ni tribun. Cette maxime est celle qui émerge du mouvement de la classe ouvrière ancienne et moderne. Affirmation plus que jamais valable et qui n’intronise pas en soi cette classe ouvrière si méprisée. La classe ouvrière n’est pas toute l’humanité. Des millions d’humains ne peuvent être rangés dans cette catégorie, mais cela veut-il dire qu’ils sont désintéressés à la vie ou la survie du monde ? Cela veut-il dire qu’un grand chambardement n’entrainera pas toutes les couches intermédiaires, paupérisées ou quart-mondisées ?

Nous sommes dominés par de puissants organismes d’Etat. Nous ne sommes rien quand nous pouvons être tout. Si on en reste à votre simple question bipolaire le monde dans lequel nous vivons apparaît indicible. Vive la politique de l’autruche ? Je suis content de n’être considéré que comme un tube digestif, un con-sommateur ?
La majorité de la population dans tous les pays galère peu ou prou (c’est pire au Sahel et en Tchétchénie) mais cent millions de Chinois et moi et moi et moi… On vit une époque formidable, le danger « communiste » a été éradiqué, remplacé par le brouillard islamique. Google me surveille nuit et jour. Il faudrait un nouvel Engels pour décrire The condition (effroyable) of the working class… Des femmes étudiantes se prostituent pour ne pas être à la rue. L’Etat me protège contre les voyous et les assassins. L’Etat apprend à lire à mes enfants. L’Etat ne cesse d’inventer des réformes qui enchantent les sectes obscurantistes. En France, les foetus auront bientôt le droit de vote comme les morts puisqu’ils disposent désormais d’un état civil. Au Canada, après les écoles réservées aux enfants juifs, une école est ouverte pour les noirs exclusivement. En France encore, un prof qui donne une baffe parce qu’il s’est fait insulter par un élève va illico en taule. En Turquie, le port du voile est légalisé à l’université. Tous les jours des dizaines de personnes sautent en Irak, en Afghanistan et on torture allègrement avec le supplice de la baignoire dans tous les pays civilisés. Chaque jour apporte son lot de révélations d’ignominies, d’injustices, de suicides de pauvres gens… et moi et moi je ne veux pas choisir, je me bouche les oreilles, je ferme les yeux et je me tais… Pourtant je vis dans un système qui n’a plus de limites… dans l’aberration et le nihilisme…

Le marxisme n’est pas la seule théorie qui a théorisé que du capitalisme devait sortir le communisme. Il suffit d’examiner les siècles d’histoire pour considérer la succession de divers types de société. Quand une société succède à une autre - il n’existe pas plusieurs grilles de lecture d’un monde qui implose ni plusieurs choix - celle-ci succède à celle-là même si mon ego se refuse à choisir. Quand je traverse la chaussée, soit je me fais écraser, soit je passe sans encombre ; je ne reste pas indéfiniment sur le trottoir à me demander si un monsieur ou une dame va me prendre par la main pour passer de l’autre côté.

Fin d’allégorie. Vous me direz encore qu’il n’y a plus de parti crédible et que la classe ouvrière, missionnaire avachie bêle derrière des syndicats gouvernementaux. Je ne vous dirai pas le contraire, c’est pourquoi le problème était dans votre question, et qu’elle suppose une autre discussion.

Bien cordialement,

JLR

[...]

(Jean-Louis Roche, article du blog "LE PROLETARIAT UNIVERSEL" [http://proletariatuniversel.blogspot.com/], intitulé "NO LIMIT", 10 février 2008)


Jean-Louis Roche n'a rien du militant à la fois prosélyte et sectaire que l'on rencontre trop souvent dans ce grand bazar embrumé qu'est l'extrême-gauche française, et c'est heureux. Au delà de la grille de lecture systémique du marxisme à laquelle je n'adhère pas, les réflexions de Jean-Louis sont toujours intéressantes car elles renferment souvent une bonne part de pertinence, le tout étant fréquemment accompagné d'une bonne dose d'humour, ce qui est bien agréable... Après, évidemment, reste toujours, précisément, le problème récurrent de l'approche systémique, quelle soit ou non marxiste, du reste... Pour ma part, j'en suis toujours au même point : vis-à-vis du monde tout pourri qui est le nôtre, il ne s'agit évidemment pas de faire la politique de l'autruche, mais il ne s'agit pas non plus d'enfermer sa modeste cervelle dans un carcan idéologique... Moi aussi, je m'efforce de rester humain ! Moi aussi, cher Jean-Louis, dans l'absolu, je préfère être plutôt qu'avoir ! Tout être humain digne de ce nom devrait, par définition, préférer cela ! Mais qui détient la Solution par excellence pour aller vers cet idéal ? Et qui sommes-nous pour être pleins de certitudes sur le monde comme il va ?

La vie, la mort, la faim, l'argent, les pauvres, les riches (ou les bourgeois, si vous préférez) : tout cela existe, assurément... Karl Marx, en son temps, a pensé que l'accès à une existence réelle pour les hommes passait nécessairement par la suppression de l'exploitation économique qui aliène ladite existence, et il avait fichtrement raison ! Mais le monde ne s'est pas arrêté de tourner en 1883, il change en permanence, et qui peut aujourd'hui, à coup sûr, être en mesure de m'expliquer le fin mot de l'histoire ? Personne. Parce que personne ne détient la Vérité, tout simplement. Et pour ce qui est de choisir entre le capitalisme et le marxisme, le contexte de l'actuelle crise financière et économique mondiale ne change rien au fait que l'on peut toujours, aujourd'hui, faire le choix du pied de nez facile, en rappelant la fameuse blague de l'ex-RDA : "Pourquoi le capitalisme est-il au bord du gouffre ? Pour voir le communisme qui est au fond"... ;-) Pour ma part, encore une fois, je ne suis pas capitaliste, et je déteste le polluant pognon, mais même si j'ai lu avec intérêt des oeuvres de Karl Marx, je ne peux pas me résigner à soumettre ma pensée à une grille de lecture systémique, quelle que soit, du reste, sa nature. Mais cela ne veut évidemment pas dire que l'on ne puisse pas continuer à discuter ensemble, et même à bien rigoler ! ;-)

Pour donner une idée de la verve satirique du camarade Jean-Louis, je me permets d'évoquer à présent un de ses articles récents, mis en ligne sur son blog le 4 décembre dernier, et qui est en fait un compte-rendu hilarant de l'émission télévisée "Droit d'inventaire", diffusée le 3 décembre dernier sur France 3, dont le titre thématique du jour était "Prêts à mourir pour la France ?", et qui était présentée par Marie Drucker (la nièce de l'indéboulonnable Michel Drucker), avec Max Gallo en éternel invité et "grand témoin"... Dans cet émission, on a beaucoup parlé de guerre, de patriotisme, de nationalisme, d'engagement militaire et de sacrifice suprême pour la nation, ce qui ne pouvait que susciter une critique satirique des plus virulentes de la part de Jean-Louis Roche. Ainsi, pour le camarade Jean-Louis, le "grand témoin" Max Gallo n'est rien moins qu'un "grand singe sarkozien", un "habile orang-outan [qui] va et vient du présent au passé" dans l'émission de Marie Drucker, un "courtisan" désormais "nouveau grand chant-bêlant sarkozien de FR3"... Et j'avoue que malgré l'outrance des qualificatifs simiesques employés, Jean-Louis, au fond, est dans le vrai : Max Gallo, cet historien défroqué devenu Michelet d'hypermarché, n'est pas autre chose qu'un courtisan aujourd'hui...


Savez-vous, par ailleurs, que j'ai eu l'occasion de croiser ce drôle de personnage lors d'un de mes séjours à Paris ? C'était le 25 juin 2007, rue du Faubourg Saint-Honoré, quelques semaines après le début du mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa. Alors que je venais de passer devant le portail d'entrée du Palais de l'Elysée, j'ai vu Gallo, sur le trottoir en face dudit Palais, un long manteau imperméable brun sur les épaules, un téléphone portable collé à l'oreille, en train de tourner en rond sur lui-même. On aurait dit qu'il attendait qu'on lui confirme qu'il était bien autorisé à entrer à l'Elysée par une porte dérobée... Bref, en quelques secondes, le temps de croiser le personnage sur le trottoir, en plein VIIIe arrondissement, j'ai eu droit à un petit résumé de ce qu'est devenu Gallo aujourd'hui... Le hasard réserve parfois ce genre de "rencontre" amusante...
Mais, à présent, laissons donc parler Jean-Louis, car il ne servirait à rien de le paraphraser... Je me permets de reproduire ici le début et la fin de son long article intitulé "Comment FR3 prépare la guerre"...

COMMENT FR3 PREPARE LA GUERRE…


MARIE DRUCKER EN MARRAINE DE GUERRE :

Après avoir été le bouffon de Mitterrand et de Chevènement, Max Gallo, le pseudo-historien s’est mis au service de Sarkozy and Co. En récompense il patronne la nouvelle émission de propagande de FR3 aux côtés de l’élégante brunette Marie Drucker. Dans cette émission militaire mensuelle, on ne cause pas, on ne débat pas, généraux, spécialistes ou témoins lambda doivent dire leur texte entrecoupé d’un montage d’images. Papy Gallo trône comme père fouettard et la brunette comme l’élève qui pose les bonnes questions.

Le mercredi 3 décembre le sujet de l’émission « Droit d’inventaire » est oecuménique : « A quoi sert la Marseillaise aujourd’hui ? ». A rien ! répondent en choeur les antimilitaristes convaincus, les nationalistes non français et les abrutis des stades de foot. Comme pour les élections prud’homales, plus de 75% des travailleurs n’en ont rien à foutre (sondage du Prolétariat Universel sans lien avec la Sofres). La chaîne du « service public » où sont infiltrés depuis longtemps des gentils staliniens intellectuels avait décidé de nous jouer l’air désuet de l’Union nationale. Max Gallo nous fait comprendre à chaque fois qu’il fait le beau devant la caméra que nous sommes tous des ignorants, tout juste s’il n’a pas voulu nous faire apprendre l’intégralité du chant nationaliste, qui est en réalité fort longuet. Ce chant bourgeois, militariste et déiste comporte 12 couplets.

On peut facilement décrypter le montage de propagande en défense de l’idéologie chauvine patronné par ce vendeur de livres de gare superficiels. Les séquences sont choisies sans chronologie et des flash-backs lamentables doivent servir à faire passer le message sarkozien : il faut défendre la patrie si elle est en danger. Le préposé Darcos a déjà obligé les enseignants à faire passer à nouveau Pétain pour le « héros de 14-18 », au point que nombre de professeurs font des commentaires hors programme (et en demandant aux élèves de le pas prendre de notes) pour rappeler l’ordure que fut Pétain qui envoya au massacre à Verdun et collabora en 1940 avec Hitler. Si la bourgeoisie opère à la continuité du bourrage de crâne patriotique, il ne nous est pas interdit d’en révéler les discontinuités troublantes pour les marchands de canons et de pétrole. On dira que le régime interne fait fi de toute loi en internant sous des prétextes spécieux de doux rigolos anarchistes, qu’il envoie sa meute policière avec des chiens renifler dans les salles de classe, qu’il fait croire que la France est le dernier pays à ne pas emprisonner les malfrats dès l’âge de dix ans… on s’en branle, cela ne nous impressionne pas. Disons que les menaces étatiques auront permis de doucher quelques naïfs qui courent les rues altermondialistes sur la bonté de l’Etat, et surtout renforcé les plans de l’Etat terroriste qui a besoin de futurs bien juteux attentats dans les supermarchés, les gares ou le métro, afin de justifier ses prochaines aventures militaires et de mettre sur le dos de ploum-ploum les actions de ses services spéciaux de l’ombre. En espérant que la population voudra bien consentir à se sacrifier « pour la patrie » et mon cul.

Héroïque service public télévisuel. Le scénario est cousu de fil sarkozien d’emblée : on ne commence pas par 1789, comme cela eût été logique, mais par l’évocation pleurnicharde du pauvre Guy Mocquet dont le grand historien Sarkozy avait rappelé la mémoire. A Chateaubriant (en allant à la mort) : « tous chantent la Marseillaise », déclare un quidam. Des mecs qui se sacrifient pour la patrie, doit comprendre le spectateur obligé, pas comme ces crétins de stade qui bouffent des frites et picolent en sifflant l’hymne sacré sans risque de se prendre un obus boche. Le ton est donné. L'historien de gouvernement sarkozien place la Marseillaise sous le parapluie de l’anti-fascisme, ce gros mensonge déconcertant. Ce n’est pas Gallo qui ira vous expliquer pourquoi Mocquet a été flingué, il faut rester ami avec la vieille mafia du PCF. Mocquet a été flingué à cause des attentats terroristes des abrutis de partisans du PCF, et le parti du pacte avec le nazisme s’en est servi pour faire oublier sa collusion à la queue de l’impérialisme russe. C’est cela l’union nationale intellectuelle, il faut ménager pour son passé débile cette faction stalinienne fossile qui a été si utile pour remettre les ouvriers au travail en 1945, et, en la consolidant pour ses mensonges historiques lui donner toute latitude pour aboyer à l’unisson de l’Etat si guerre il y a (afin, en particulier que, comme en 1914, les délégués CGT, ces petits bourgeois planqués, ne soient pas envoyés au front). La Marseillaise, à la Libération est un tube inégalé dès lors, ajoute, indifférent à notre oeil critique, un autre zozo.

INTERMEDE CONTESTATION :

Faut bien en parler parce que ça se sait, les années 1960 sont d’étranges années d’insubordination, où « rien n’est épargné », où la contestation érode tout. Ce charlot de Jimmy Hendrix détourne l’hymne national US en mangeant sa guitare. Les affreux Sex Pistols dénaturent God save the Queen. La France n’est pas épargnée, Gainsbourg transforme l’hymne sacré en reggae, mais il fait amende honorable en achetant à prix d’or l’original après avoir réussi à faire chanter avec lui les crânes rasés sous le béret vert qui étaient venus plomber son concert. Brave Gainsbourg patriote reggae.

TRAVERSEE DU DESERT :

La Marseillaise n’est plus ensuite qu’une vieille relique pour le FN ou pour « nos » sportifs en larmes chauvines scolaires lorsqu’ils décrochent l’or des stades. Yannick Noah tente une rermake flower power avec « Aux rêves citoyens ». Jusqu’où allait-on aller dans l’indécente décadence ?

L’EMBELLIE ELECTORALE :

Heureusement, main dans la main Ségo et Sarko sortirent de la tranchée boueuse des stades de foot et du découpage bourgeois des circonscriptions pour se saisir de l’étendard ensanglanté des mains fragiles de Le Pen et le lever à la gloire de la bourgeoisie française ininterrompue de Thiers à Pétain, de Mitterrand à Chirac. Le pouls du spectateur s’accélère lorsque la charmante présentatrice, d’une diction parfaite, annonce la venue de Philippe Seguin, haut personnage cramoisi de l’Etat. Vient-il le brave pour jouer son rôle de sermonneur politique contre les offenses au drapeau ? Non, comme un vulgaire invité, il vient témoigner que son père a bien été tué par des balles allemandes et qu’il frissonne encore de cet évènement capital dans la vie d’un enfant, la remise d’une médaille posthume en l’honneur de son papa. Très touchant, et combien cette prestation sincère nous donnait grande envie de mourir pour la patrie afin de laisser à nos enfants un souvenir pieux.

Le maître de cérémonie avance alors sa fraise : « La Marseillaise est un chant de marche de l’armée du Rhin. Je le dis pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire : « c’est un chant de marche… « marchons »… pas pour des types assis dans des stades… c’est un chant de résistance contre la tyrannie… ».

Du coup je me suis demandé s’il ne faudrait pas le chanter à chaque passage du cortège de Sarkozy , après avoir ôté sa casquette ? (Mon père, résistant auvergnat, a été giflé à Vichy pour ne pas avoir enlevé son galure au passage chantant du Maréchal).

Le nouveau grand chant-bêlant sarkozien de FR3 ne laisse pas cette idée s’incruster dans ma tête et fonce sabre au clair comme à Valmy : « La contestation détruit notre patrimoine. Il y a le risque qu’on ne défende pas la nation si elle est attaquée ! ».


La candide marraine de guerre se tourne ensuite vers l’honorable chèvre Seguin : « à quoi ça sert un hymne national ? »

Seguin, affable et l’air de se faire chier : « cela rappelle les valeurs qui ont fondées notre communauté nationale ». Il en rajoute avec son air penaud : « enfant je voulais dormir avec ma médaille ».

[...]

SEQUENCE ACTUALISATION-MOBILISATION

C’est la séquence la plus ridicule. Le sous-off qui apparaît sur le plateau a le visage lisse d’un jeune adulte, s’exprime difficilement comme la plupart des jeunes officiers. L’intention de Gallo implose d’elle-même. Ce n’est pas un appelé, livré au front révolver dans le dos par la bourgeoisie, c’est un de ces gars qui n’ont pour espoir de faire carrière et de gagner le niveau de vie des couches moyennes qu’en s’enrôlant volontairement au service de l’industrie d’armement. Ce n’est ni un héros ni un patriote, les mercenaires marchent au fric et leurs employeurs leur font dire ce qu’ils veulent. Candide Marie [Drucker] est la voix des généraux :

- montée d’adrénaline quand les balles sifflaient à vos oreilles sous le feu des Talibans en Afghanistan ? Vous ressentiez quoi ?

- vous savez on a pas le temps de réfléchir…

(Candide Marie en aparté à Max : putain il est con ou quoi on lui avait dit de dire qu’il pensait à la patrie !)

Candide Marie (insistante): vous combattez pour l’honneur de la France. Vous vous voyez comme un patriote n’est-ce pas ? Vous imaginez que vous allez mourir pour la France ?

- hum hum… il est plus honorable de mourir pour la France qu’écrasé par une voiture.


CONCLUSION AU GALOP

Max Gallo : oui çà a un sens… il y a la crise financière… il y a des solutions coordonnées nationales. Entre les nations il y a des rapports de force. Le XXI e siècle montrera que la guerre est une possibilité. Dès lors la question se pose de mourir pour la collectivité. La défense du sol peut se faire sur des territoires extérieurs ».

Edifiant chers lecteurs internautes ! Vous avez là le résumé de la théorie sarkozienne et le but recherché d’Union nationale par un minable traficotage de l’histoire. Le sergent recruteur Gallo et la petite marraine de FR3 se sont adressés aux prolétaires et au peuple comme ils n’osent pas le faire dans les médias pour intellectuels. Le langage chauvin et militariste apparaît indéniablement clair : la bourgeoisie aux abois va vouloir demander les mêmes sacrifices en vies humaines pour régler l’addition de sa monstrueuse crise. Mais c’est une autre histoire entre vouloir et pouvoir.

A suivre…

(Jean-Louis Roche, extraits d'un article du blog "LE PROLETARIAT UNIVERSEL" [http://proletariatuniversel.blogspot.com/], intitulé "COMMENT FR3 PREPARE LA GUERRE…", 4 décembre 2008)

Sacré camarade Jean-Louis... Il n'y en a pas deux comme lui... :-) Je ne suis pas toujours d'accord avec Jean-Louis Roche, loin s'en faut, mais avec lui, au moins, tout le monde en prend pour son grade... même l'extrême-gauche que nous connaissons, non seulement celle incarnée par un PCF à la dérive, mais aussi, et surtout, celle incarnée par LO et par la mouvance LCR/NPA, ces partis trotskistes dont je pense moi-même qu'ils sont une escroquerie... Mais à quel courant marxiste appartient Jean-Louis au juste ? A le lire, j'ai cru qu'il était rattaché à un certain CCI... et je me suis donc permis de lui poser une question à ce sujet sur son blog, le 8 novembre dernier, en m'amusant, en guise de clin d'oeil, à reprendre les expressions employés par Jean-Louis dans ses articles : « J'aimerai vous poser une question, forcément stupide puisque venant de la part d'un anarcho-monarchiste adhérent obscur d'un "parti de l’élite déconfite" [le PS] : qu'est-ce que le CCI ? Sans doute pas une Chambre de Commerce et d'Industrie (encore que, à vous lire, on en est peut-être pas si loin)... Vous savez, les hommes comme moi, derniers RMIstes de France perdus dans l'océan quasi-lovecraftien de la "bourgeoisie" capitaliste, à part le PCF "sur chaise roulante", à part "Mamie Arlette", et à part la mouvance LCR/NPA "si spongieuse" avec Besancenot, le "facteur de Neuilly" servant, entre autres fonctions, de "poubelle à LO", les hommes comme moi ne sont pas forcément au courant de l'existence, à l'extrême-gauche, de partis "vraiment révolutionnaires"... D'où ma question idiote : en bref, qu'est-ce que le CCI ? »
Environ un mois plus tard, Jean-Louis m'a répondu : "Réponse à la (vieille) question d’un correspondant : qu’est-ce que le CCI ?
- rien, une micro-secte d’intellectuels lâches qui veulent donner des ordres au prolétariat encore à plat-ventre ; ils sont aussi inexistants en réalité que l’hydre ultra gauche, notion reprise par tous les ploum-ploum (dixit comme en 68 « sommes tous des entragés")."
Me voila donc bien avancé, car, à présent, je vois mal Jean-Louis faire partie d'un CCI (Courant Communiste International) qu'il qualifie lui-même de "micro-secte" (même si je note néanmoins qu'un lien vers le site du CCI [http://fr.internationalism.org] figure sur son blog)... Jean-Louis est-il donc seul ? Jean-Louis est-il donc le dernier des vrais marxistes ? En tout cas, il ne fait pas que s'occuper d'un blog, puisqu'il écrit aussi des livres : le dernier en date, à ma connaissance, s'intitule Marx était-il dépressif ?, et a été publié cette année par... les Editions du Pavé ("What else ?", comme dirait George Clooney ;-)...).


On l'aura compris, j'aime bien le camarade Jean-Louis... Après tout, c'est un barbu, comme moi, et qui n'aime pas Sarkozy, comme moi... ;-) Et puis, peut-être parce que j'ai fait de longues études d'histoire, j'aime bien son côté "Mirabeau". Salvador Dalí disait qu'il était un paysan à l'intérieur duquel vivait un roi. Jean-Louis Roche me semble être, lui, un Mirabeau à l'intérieur duquel vivrait un Babeuf... qui aurait lu Marx : un révolutionnaire "French Touch", en somme, comme je sais les apprécier ! ;-) En tout cas, si vous ne l'avez pas déjà fait, allez donc jeter un oeil sur son blog, chers lecteurs : il vaut le détour...

Cordialement, :-)

Hyarion.

P.S. : J'allais oublier... Voici la blague de Toto étudiant, à laquelle il a été fait brièvement allusion plus haut, et que Jean-Louis Roche avait mis en ligne sur son blog, il y a quelques mois...
« TOTO ETUDIANT
Toto demande à Papa :
- "Papa c'est quoi la politique ?"
- "Eh bien fiston... L'Etat, c'est moi. La classe ouvrière, c'est ta maman. La bonne, c'est l'Université, et ta petite soeur, c'est la banlieue. Mais va donc te coucher maintenant."
Toto va se coucher. Au milieu de la nuit il est réveillé par les cris de sa petite soeur qui a fait dans ses couches Pampers. Il va à la chambre des parents mais là il ne voit que sa mère, endormie profondément.
Comme il entend des petits cris dans la chambre de bonne, il entrebaille la porte. Papa est en train de faire son affaire à la bonne. Il retourne se coucher.
Au petit matin, les yeux cernés, Toto s'avance dans la cuisine.
- "Tu as bien dormi ?" fait le père.
- "Mouais... mais j'ai compris ton explication politique."
- "Tu as compris quoi fiston ?"
- "J'ai compris que l'Etat laisse dormir la classe ouvrière, baise l'Université, et laisse la banlieue dans la merde !"
- "Tu feras un bon syndicaliste mon fils !" »

;o)

 

(Illustrations : Titre du blog "Le Prolétariat Universel" [http://proletariatuniversel.blogspot.com/], encadré par deux représentations du personnage "Marx the travelling communist" circulant sur Internet ; Portrait de Jean-Louis Roche, d'après photographie, sans date ; Détail de la page d'accueil du blog "Le Prolétariat Universel" [http://proletariatuniversel.blogspot.com/] de Jean-Louis Roche, 15 décembre 2008 ; Photographie d'un portrait de Gabriel-Honoré de Riquetti, comte de Mirabeau [1749-1791], peint par Boze, reproduite dans un Cours d'histoire (Histoire de France, deuxième année) de Malet-Isaac, 1936, ©Hachette ; Portrait photographique de Karl Marx [1818-1883], ©Roger-Viollet/Archives ; Max Gallo arrivant à l'Académie française à Paris pour prononcer un discours lors de sa cérémonie de réception à l'Académie, le 31 janvier 2008, photographie de l'Agence France Presse, ©AFP/Getty Images ; Montage photo des portraits de Marie Drucker et de Max Gallo, sans date, ©DR ; Nicolas Sarkozy passant les troupes en revue, le 28 août 2008 à Castres, photographie de l'Agence France Presse, ©AFP/Claude Paris ; Nicolas Sarkozy préparant le 14-Juillet avec une casserolle en guise de casque, caricature de Kiro, publiée dans le Canard Enchaîné N°4575, 2 juillet 2008 ; Couverture de Marx était-il dépressif ?, de Jean-Louis Roche, ouvrage publié par les Editions du Pavé)

 

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commentaires
S
non non non, je parlais du strict point de vue économique (capitalisme en tant que système de création et de répartition de richesses), voire même plutot de l'histoire économique, et en aucun cas de la politique à mener face au capitalisme.Le capitalisme industriel (fordiste) n'a pu atteindre son développement optimal qu'avec l'accès de la classe ouvrière à la consommation (d'où le raisonnement politique pervers : intérêt objectif des ouvriers à la pérénnité du système capitaliste, et, en même temps, intégration des classes populaires dans le circuit démocratique libéral).De même, le nouveau stade du capitalisme basé sur une économie immatérielle de la connaissance suppose une société hautement éduquée et formée, en même temps qu'une liberté de création et de circulation des idées optimale.Attention, je ne dis aucunement qu'il s'agit là d'un progrès! (et encore moins du Progrès). C'est simplement une évolution avec laquelle nous devons faire, et qui, force est de l'avouer, satisfait globalement le petit Européen postmoderne que je suis ;-)Après, le rôle du politique dans ces évolutions est réel : le New Deal n'est pas pour rien dans l'émergence de la grande middle class américaine des années 40-50, de même que la déréglementation reaganienne dans le développement de l'économie post-industrielle. En gros, le rôle du politique est tout de même plus important dans les temps de crise que dans les temps de prospérité, ce qui n'a rien d'étonnant : l'Etat est un acteur majeur de l'économie. Non pas parce qu'il voit plus loin ou planifie mieux, ou représente je ne sais quelle volonté générale (absurde en matière économique), mais parce qu'il est un acteur hors du temps, à priori éternel (du point de vue des entreprises et des acteurs de la finance), et donc capable de mobiliser des ressources que des générations entières rembourseront via la dette, ce qu'une entreprise, aussi importante soit-elle, est incapable de faire.En tant que lecteur de Hayek, tu sais bien que ce penseur du libéralisme admettait l'importance du rôle de l'Etat, et n'avait que mépris pour les pharisiens de la séparation sricte entre Etat et économie. ;-)Sauron
D
Bonjour !Une petite réponse à Sauron sur l'article du Der Spiegle et le reste...Tout d'abord, je reprécise à nouveau ce que j'ai dit en introduction de l'article: " Je trouve cet article fort intéressant (notamment venant d’un regard extérieur sur notre pays) même si certains points pourraient être discutés. " Je partage donc quelques unes de tes remarques, mais je note quand même qu'un tel article, aussi imparfait qu'il soit, est absent de la presse française (mise à part le Canard Enchaîné, sur un autre registre tout de même et dans un autre esprit qu'un éditorial)La capacité qu'a Sarkozy de susciter des réactions aussi tranchées m'étonnera toujours.Et oui, tiens, c'est étonnant :-)) On se demande bien pourquoi... :-)) Blague à part, ne fais pas semblant, cher Sauron, de découvrir cela. Sarkozy "exacerbe les clivages", comme tu l'as toi-même souligné, et malheureusement la radicalisation s'opère aussi dans la critique qui ne devient plus très constructive. Je suis le premier, d'ailleurs, à en être gêné, et c'est peut-être pour cela que j'avais essayé d'analyser sur ce blog même la rhétorique de notre président de la République. Décrypter, analyser, examiner et proposer sont des principes qui doivent guider notre critique, sur quelque domaine que ce soit. "Sarkozy se sent des compétences pour tout"? Certes, et alors, n'est-il pas positif qu'un président s'intéresse à tous les dossiers?Le problème dépasse le fait, me semble-t-il. Je crois qu'il faut lire la critique du Der Spiegel sur les modalités de son action. En réalité, Sarkozy veut s'intéresser à tout avant tout le monde mais n'en a ni les clés de compréhension (ou alors celles qui bâtissent ses seules vérités) ni la volonté de poser les choses à plat et de se donner du temps. Résultat, à force de n'être concentré sur rien, on se dilue et on brasse de l'air, frais sur le moment, mais qui ne confine qu'à une procrastination contre-productrive. Le journaliste précise d'ailleurs qu'il se sent des compétences sur tout, alors qu'un chef d'Etat avisé devrait accepter de déléguer, d'autant plus qu'il a normalement des ministres fait pour ça. Evidemment qu'un chef d'Etat doit s'intéresser à tout .Mais ce n'est pas lui qui détient les meilleures solutions et qui doit imposer ses volontés comme les solutions mêmes. "Sarkozy favorise les forces de désintégration"? Parce que l'inaction consensualiste de Chirac a donné de bons résultats?Mais l'agitation de Sarkozy nous permet-elle de vraiment avancer et d'examiner les problèmes sur le fond ? Non. Certainement pas. Entendons-nous bien: je partage avec toi la critique de l'inaction Chiraquienne et irait même plus loin que toi sur la critique de l'article quand le journaliste se permet de dire que les années Chirac ont été "douillettes" !?!??! Les années Chirac ont été beaucoup de choses, sauf douillettes. Les retards accumulés par notre pays, la démission du politique là où les pouvoirs publics avaient un vrai rôle à jouer nous ont conduit dans une situation loin d'être douillette. Le vrai problème est que nous sommes passés d'un extrême à l'autre, et qu'entre une "inaction consensualiste" et une action divisant les français entre eux, nous sommes une fois de plus perdant. Sarkozy ne fait donc que poursuivre le même programme que son prédécesseur, avec des modalités différentes. Je comprends surtout la critique du Der Spiegel comme la critique d'une continuité qui devait prendre fin avec une fameuse "rupture" promise mais dont personne ne connaît la signification, pas plus hier qu'aujourd'hui. Cependant, à long terme, il ne peut trouver son plein potentiel de développement qu'au sein d'une économie libérale dans laquelle idées et créations circulent aussi librement que possible, et ce dans tous les domaines. C'est à dire au sein de démocraties libérales.Tout ceci est très beau, mais ne peut fonctionner que lorsque tout le monde joue le jeu d'une manière responsable, ce qui est loin d'être le cas. Tu ne m'entendras jamais dire que l'économie planifiée est plus responsable, mais se donner aussi des perspectives, réfléchir à des orientations dans le domaine politique devrait être fondamental. Or, à quoi assistons-nous aujourd'hui ? A une quasi démission du politique, à des contractualisation qui ne pense qu'à cours termes, à des expertises qui se querellent dans un foutoir de démocratie d'opinion. Tu parles justement de la politique comme un "dépassement des rapports de force". Où est ce dépassement aujourd'hui ? Il faut donc attendre que le capitalisme s'adapte ? Désolé d'être un peu remonté contre ce type de raisonnement, mais je commence vraiment à être fatigué que l'on dise sans arrêts: "ne vous inquiétez pas, cela va se réguler", "mais non, vous comprenez mal, je vais vous expliquer". Cela est vraiment gonflant, pour tout dire. Je connais les limites de mon idéalisme impénitent et concède bien volontiers le fait de ne pas possèder le pragmatisme que réclame l'analyse politique, mais les faits actuels démontrent que le système ne peut être maîtrisé. C'est un inconvénient et un atout: Il réserve à l'avenir de graves dérives et comporte le risque qu'il faut savoir prendre. Il permet aux cadors de l'économie libérale d'être remis à leur place et informe les planificateurs de tous poils qu'il ne peuvent s'exonérer de l'imprévu. A savoir s'il faut en être pessimiste ou optimiste, je ne peux rien répondre. L'avenir le dira.Amitiès, Dante.
S
"Le capitalisme produit peut-être lui-même les éléments dont il a besoin pour se développer (à travers la demande), il reste un système qui dégrade considérablement les conditions de vie des acteurs qui ne peuvent "concurrencer" les meilleurs joueurs."??De quels acteurs parles-tu? S'il est évident qu'en terme de répartition relative des richesses, il y'a des perdants et des gagnants (la grande majorité de la population se situant entre les deux), en termes de richesse absolue, même les plus pauvres -dans les pays développés- jouissent aujourd'hui de conditions de vie bien supérieures à ce qu'ils pouvaient attendre dans les systèmes antérieurs (sans même parler de la planification qui aligne tous les revenus sur ceux des plus pauvres)."Cependant, le problème de notre niveau de consommation quand à la plupart des ressources naturelles reste le même : pour l'eau, pour le bois, le minerai, le pétrole, le gaz, etc., les solutions sont encore bien fictives. Et il n'est vraiment pas sûr que les innovations technologiques pourront parer à la demande dévorante"J'avoue être dans l'impossibilité d'apporter la moindre preuve que ce soit de mon optimisme, si ce n'est ma constatation que notre espèce est toujours retombée sur ses pattes en matière d'évolution technologique. l'avenir seul montrera lequel, de ton pessimisme ou de mon optimisme, a raison ;-)Après, entendons-nous bien : l'évolution technologique devra s'accompagner de mesures de restrictions (pour l'eau notamment) et de contraintes. Mais je considère que celles-ci n'auront rien de négatives à partir du moment où elles sont issues d'une volonté politique légitime, et non de quelque totalitarisme vert...Sauron
P
Salut Benjamin,Merci de ta venue vendredi soir qui m'a fait très plaisir.Tes articles sont toujours aussi impressionants...Bonne continuationPhilippe
H
<br /> <br /> Salut Philippe,<br /> <br /> Merci à toi de m'avoir invité à la soirée de lancement de ton nouveau livre. Le plaisir était partagé.<br /> <br /> Bonne continuation à toi aussi.<br /> <br /> Amicalement, :-)<br /> <br /> Hyarion.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Oui, le capitalisme est un système à la capacité d'adaptation assez extraordinaire, probablement du fait de la grande souplesse de sa structure formelle (offre, demande, et un marché pour qu'elles se rencontrent), cependant je ne suis pas capitaliste, pour la bonne raison que l'accumulation du capital par les acteurs auxquels il profite conduit à ces fameuses et injustes inégalités économiques. Le capitalisme produit peut-être lui-même les éléments dont il a besoin pour se développer (à travers la demande), il reste un système qui dégrade considérablement les conditions de vie des acteurs qui ne peuvent "concurrencer" les meilleurs joueurs.Pour l'écologie, je crois comme toi que c'est le marché qui sera le vecteur de la demande croissante d'une économie de moins en moins polluante. Cependant, le problème de notre niveau de consommation quand à la plupart des ressources naturelles reste le même : pour l'eau, pour le bois, le minerai, le pétrole, le gaz, etc., les solutions sont encore bien fictives. Et il n'est vraiment pas sûr que les innovations technologiques pourront parer à la demande dévorante qui est non seulement celle de l'Occident, mais qui est en train de devenir celle des pays du sud émergents, bien que leur développement économique soit contemporain de la conscience écologique actuelle, qui pourrait se substituer relativement tôt aux techniques dramatiquement dommageables à l'environnement qui ont surgit depuis le XVIIIe siècle... 

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